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Egypte: l'essence est de retour, comme par miracle
L'abondance de carburant depuis la chute de Morsi nourrit toutes les spéculations.
De manière générale, les révolutions sont suivies d'une période de pénurie. En Egypte, c’est l’inverse: depuis la destitution de Mohamed Morsi, les stations-service sont à nouveau approvisionnées en carburant et les interminables files d’attentes devant les pompes à essence ont disparu, rapporte France 24. Les habitants du Caire se réjouissent aussi de la baisse des coupures d’eau et d’électricité, qui étaient le lot quotidien depuis plus d’un an.
Motivations politiques...
Mais à quoi sont dus ces «miracles»? Selon un chauffeur de taxi interrogé par France 24, les membres du régime des Frères musulmans provoquaient ces pénuries, afin d’empêcher les citoyens de se rassembler pour manifester.
A l’inverse, pour Naser el-Farash, porte du ministère du Commerce intérieur sous Morsi, les pénuries seraient plutôt le fait des membres de l’armée et des anti-islamistes qui «préparaient le coup d’État», comme il l’affirme au New York Times. Un complot pour faire monter le mécontentement de la population envers l’administration des Frères musulmans, d’après lui.
La crise de l’essence, les coupures répétées et les privations alimentaires… Autant de facteurs qui ont joué dans la dégradation du niveau de vie sous la présidence islamiste et qui ont mené à la révolte du mouvement Tamarod, résume France 24.
...Ou raisons économiques?
Ahmed Gamal, directeur du Forum de recherche économique au Caire sollicité par le journal, expose les problématiques liées au commerce de carburant sans faire intervenir de motif politique:
«L’économie égyptienne manque de devises étrangères en raison de la chute du tourisme et des investissements. Cela peut contraindre à limiter les importations de certains produits énergétiques [dont l’essence].»
Dans ces conditions, le retour miraculeux du carburant peut se justifier par la baisse de la consommation à la suite des manifestations du 30 juin mais aussi par l’aide financière promise par les pays du Golfe, qui auraient permis au nouveau pouvoir en place d’accroître les importations de gaz, précise le reportage.
Cependant, d’après Farah Halime, journaliste spécialisée en économie, la crise énergétique de l’Egypte est loin d’être résolue, notamment à cause de ses infrastructures vétustes:
«L’Égypte achète son énergie très cher et la revend à très bas prix. Cela fonctionnait à peu près avant la révolution de 2011 mais c’est maintenant intenable. Il y a eu des pénuries avant, il y en aura de nouvelles.»
En effet, certains quartiers du Caire ont fait l’objet d’une coupure d’électricité temporaire. Le journal a également observé des files d’attentes aux stations-service de Béni Suef, au sud de la capitale. D’autre part, le ramadan a commencé en pleine pénurie alimentaire: les Egyptiens ne doivent pas se réjouir trop vite.
Lu sur France 24