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Comment l'Algérie est devenue le pays le plus corrompu au monde
Selon l'ONG Transparency International, la situation ne s'est pas arrangée depuis dix ans.
L'Algérie est «gangrénée» par la corruption. C’est la conclusion à laquelle arrivent deux études rendues publiques le 9 juillet 2013. Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) a remis au gouvernement algérien un rapport qui préconise le durcissement de la législation sur la corruption.
Dans le même temps, l’ONG Transparency International publie les résultats d’une enquête mondiale sur la corruption menée dans 107 pays: l’Algérie y occupe la 105e place, selon Le Matin. Pire, les observations de l’ONG soulignent qu’il n’y a eu aucune amélioration substantielle entre 2003 et 2013. La note globale de l’Algérie oscille entre 2,6 et 3,4 sur 10, résume l’article.
Djillali Hadjadj, porte-parole de la section algérienne de Transparency International, juge que la corruption a atteint un seuil «effrayant» dans son pays. Le ressenti des citoyens interrogés en témoigne, précise le quotidien: 57% des Algériens sont d’avis que le niveau de corruption a beaucoup augmenté ces deux dernières années.
Ils estiment que les entreprises privées sont les plus touchées par la corruption, suivies de près par les partis politiques et les autorités publiques. Mais le plus grave, explique le site, c’est que les citoyens ne font plus confiance à la justice ou à la police pour lutter contre ce fléau, car ils considèrent que ces institutions sont sévèrement affectées par la corruption. D’autant plus que, selon El Watan, ils sont nombreux (près de 40%) à reconnaître avoir déjà versé eux-mêmes des pots-de-vin à la police, aux impôts, à l’administration juridique…
D’après Le Matin, c’est toute l’économie de l’Algérie qui souffre de ce phénomène généralisé. Le journal évoque les scandales de corruption récents qui ont contribué à dégrader l’image de l’Algérie: les détournements de fonds dans le cadre du programme de développement agricole PNDA, l’affaire de l’autoroute Est-Ouest mettant en cause le ministre des Travaux publics en 2012, le placement sous contrôle judiciaire d’une vingtaine de cadres de l’entreprise Sonelgaz…
Le Matin ajoute, bien sûr, à cette liste déjà longue le scandale retentissant de Sonatrach, groupe pétrolier public qui assure près de 98% des recettes en devises de l’Algérie. Ses responsables ont été accusés à plusieurs reprises depuis 2010 d’avoir reçu des pots-de-vin versés par des firmes étrangères pour obtenir des contrats. L’ancien ministre de l’énergie Chakib Khelil aurait été partie prenante de ces transactions illégales.
Pour enrayer ce fléau, conclut le quotidien, il faut une concertation internationale autour de ce phénomène. La journée internationale de la lutte contre la corruption, organisée par les Nations Unies, se tiendra le 9 décembre 2013 et l’Algérie devra y présenter son bilan.
Lu sur Le Matin, Jeune Afrique et El Watan