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Afrique du Sud - Le club des Very Important Presidents en exil
L’Afrique du Sud est souvent envisagée comme une terre d’asile par de nombreux dictateurs. Une particularité tournée en dérision par le journal sud-africain Mail & Guardian dans un éditorial paru le 24 août 2011.
La journaliste Verashni Pillay imagine le moment où tous les chefs d'Etat exilés vont voir arriver le Colonel Kadhafi dans leur petit cercle privé, en l'occurrence une école, dans laquelle on retrouve:
- Jean-Bertrand Aristide, ancien président d’Haïti, exilé en Afrique du Sud pendant sept ans et qui a fait son comeback aux Antilles le 18 mars dernier. Pillay l'imagine en intellectuel absorbé dans la lecture d'un dictionnaire pour apprendre la langue zouloue. Une référence ironique à son doctorat en Littérature et Philosophie obtenu en Afrique du Sud en 2007.
- Il y a également le président malgache Marc Ravalomanana, réfugié de la nation arc-en-ciel depuis 2009. Malgré son retour annoncé, il demeure toujours en Afrique du Sud.
- Le troisième est Mengistu Hailé Mariam, ancien chef de la junte militaire éthiopienne qui provoqua la chute de l’empereur Hailé Sélassié en 1974. Il est réfugié au Zimbabwe, pays voisin de l’Afrique du Sud, depuis 1991.
Cette fiction journalistique imagine également la teneur des débats échangés par ces trois autocrates:
«Est-ce à quoi en est réduit le boucher d’Addis?», demande Ravalomanana, moqueur, à Mengistu, ce dernier lisant un guide pour «présidents hommes d’affaires».
Mengistu réplique en lui signalant que lui au moins ne s’est pas fait piquer sa place par un DJ (activité qu'a exercée l’actuel président de la Haute autorité de transition à Madagascar, Andry Rajoelina). Le ton monte. Ravalomanana: «Ringard marxiste!». Mengistu: «Fumier!»
Puis Kadhafi arrive. Tous se demandent si le directeur de leur école privée va laisser un «bédouin» installer sa tente dans la cour de l'école. Un clin d'œil ironique à la visite de Kadhafi en France en 2007, lorsqu'il avait installé sa tente en plein Paris. Mais le Guide déchu fait le fier:
«Je sais que vous trois avez bénéficié d’un traitement présidentiel en Afrique du Sud. Argent, hôtels, gardes du corps… un accueil de VIP. Vous ne pensiez pas que j’allais vous laisser garder tout pour vous, quand même?»
Dernièrement, l’Afrique du Sud a démenti avoir préparé l’exfiltration de Mouammar Kadhafi, dont les jours à la tête de la Libye sont comptés depuis la prise partielle de la capitale Tripoli par les rebelles le 23 août 2011. Mais selon RFI, un avion sud-africain l'attendrait sur l’île tunisienne de Djerba…
Lu sur le Mail & Guardian