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Il ne faut pas avoir peur d'investir dans le Sahel
Le secteur agricole peine à attirer les bailleurs de fonds, alors qu'il est en pleine expansion dans la région sahélienne.
La croissance économique au Sahel dépend de la productivité agricole de la région. Pourtant, les investissements des gouvernements et des bailleurs de fond internationaux restent encore trop modestes, déplore le site d’analyses humanitaires IRIN.
Ils sont certes en légère hausse depuis la flambée des prix alimentaires de 2008, où les pays de l’Afrique de l’Ouest ont réalisé qu’ils étaient trop dépendants des importations de denrées de base. Mais d’après un rapport publié par l’ONG Oxfam et relayé par IRIN, l’aide au développement de l’agriculture dans le monde a diminué de 77% entre 1983 et 2006.
La déclaration de Maputo en 2003 prévoit que les pays de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) consacrent au moins 10% des budgets nationaux à l’agriculture. Dix ans plus tard, seuls 10 des 54 pays de l’Union africaine ont atteint cet objectif, affirme le site. Ainsi, le gouvernement sénégalais n’investit que 4,7% de son budget 2012 dans l’agriculture alors que ce secteur représente environ 14% du PIB (chiffres ActionAid).
Les projets de développement à long terme sont alors délaissés par un manque de subventions publiques et une difficulté à convaincre les bailleurs de fonds. En 2013, le Fonds des Nations unies pour l'agriculture (FAO) n’a reçu que 23% des fonds réclamés pour le Sahel. Le reportage souligne que «ce sous-financement touche particulièrement les petits agriculteurs», les grands donateurs privilégiant l’aide d’urgence ou les grandes exploitations agro-industrielles.
Petites exploitations en danger
Les petits exploitants contribuent à hauteur de 80% à la production alimentaire du continent, rappelle IRIN. Pourtant, ils comptent parmi les principales victimes de l’insécurité alimentaire dans le Sahel et sont particulièrement vulnérables aux périodes de sécheresse. La croissance de leur secteur est freinée «parce qu’ils n’ont pas les équipements, la technologie, les ressources ou les moyens», avance Isabelle Mballa du Programme alimentaire mondial (PAM), interrogée par IRIN.
Les ONG tentent donc d’apporter des solutions pour les petits exploitants. Todd Crosbu, directeur adjoint de l’initiative Feed the Future au Sénégalexplique:
«L’idée est de leur fournir tout ce dont ils ont besoin pour réussir. Cela consiste à leur apporter des semences, des outils (…), mais également de leur enseigner de meilleures techniques de préparation des terres et d’irrigation, si besoin, et de les aider à commercialiser leurs produits.»
Les études de Feed the Future montre que les agriculteurs de la région peuvent ainsi produire davantage de cultures de grande qualité: plus de 7 millions de petits agriculteurs de la région ont vu leurs bénéfices augmenter en 2012, rapporte l’article.
Malgré ces initiatives de développement, les petits agriculteurs restent les grands défavorisés de l’accès au crédit. Pour acquérir les équipements mécaniques indispensables au fonctionnement agricole, les exploitants ont encore trop peu de solutions. Le microfinancement propose des taux de prêt trop élevés, selon IRIN, entre 14% et 30% et ces programmes ont davantage tendance à cibler les agriculteurs urbains ou les producteurs à grande échelle.
Pour réduire l’insécurité alimentaire chronique et améliorer la nutrition des familles, les investissements agricoles doivent prendre une nouvelle ampleur et accorder davantage d’importance aux exploitations rurales, conclut IRIN.
Lu sur IRIN