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Célébration du cinquantenaire de l'indépendance, Alger, 5 juillet 2012 / Reuters
Célébration du cinquantenaire de l'indépendance, Alger, 5 juillet 2012 / Reuters

Les Algériens doivent maintenant passer à autre chose

La célébration du cinquantenaire de l'indépendance est terminée. Quelle est la suite du programme?

Un lendemain de fête qui déchante. La célébration du cinquantenaire de l’indépendance est terminée. Finis les chants patriotiques, les feux d’artifices, la fierté de notre victoire glorieuse sur la France ou le regret d’une indépendance usurpée.

Plus de deux milliards de dollars puisés dans des fonds spéciaux pour des célébrations qui ont débuté grande pompe (comédie musicale et feux d’artifices, le 5 juillet 2012) et qui se clôturent en catimini par une grâce présidentielle d'Abdelaziz Bouteflika, à partir de l’institution des Invalides, en France. Une fête nationale sans président, est-ce si grave? Oui, mais il y a pire. Paroles d’Algériens:

Karim K, 37 ans:

«Qu’une fête nationale soit fêtée de façon folklorique, ça ne me dérange pas. Ce qui me gêne le plus c’est l’instrumentalisation à des fins politiques, au point que les gens et surtout les jeunes ne s’identifient même pas à cette célébration. Même dans un scénario de film dramatique, on ne lui aurait pas présagé une fin pareille, passer le 51e anniversaire de l’indépendance dans un hôpital militaire parisien. C’est dramatique pour lui avant tout, et surtout pour ceux qui n’arrêtent pas de nous parler de fierté, nous avons de quoi être fiers de notre histoire, mais une fierté bien placée, pas celle galvaudée par le discours officiel, mais plutôt celle du travail, de l’honnêteté, et du mérite.»

Noel B., 38 ans:

«Ils auraient pu et dû mieux faire à commencer par le logo qui ne ressemble à rien quand je pense que l’année dernière pour le cinquantenaire ils ont osé faire venir la chanteuse libanaise Elyssa à Annaba à coup de milliards, c’est vraiment honteux, pendant que des chanteurs algériens meurent en exil loin de leur pays natal. Bouteflika aurait pu, pour l’occasion, s’adresser aux Algériens, ce qu’il n’a pas fait, je considère ça comme du mépris et pour les Algériens et pour les martyrs de la guerre de libération.»

Selma Maouene, 28 ans:

«La fêter en déboursant des milliards ds les feux d’artifices alors que l’Algérie se dégrade de plus en plus on aurait pu la fêter au sens propre du terme, si notre Algérie était vraiment un pays en voie de développement. Plus de deux mois sans président pour gérer le pays, mais qui donne des ordres depuis son hôpital français… Je l’ai fêté à ma manière, en pensant aux martyrs qui ont tout donné pour une Algérie libre…»

Fethi D., 27 ans:

«La célébration avait bien démarré mais ça s’est un peu essoufflé après. Les gens était occupés à leur vie quotidienne et les autorités avec les événements qui ont captivé tout le monde ces derniers mois: ce qui se passe dans la région et les luttes de succession et l’après Bouteflika.»

Propos recueillis par Fella Bouredji

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Fella Bouredji

Critique littéraire et journaliste au quotidien algérien El Watan

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