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Malawi - L'industrie du tabac part en fumée
Au Malawi, l’industrie du tabac n’est plus rentable, s’alarme l’agence d’information sur le développement IPS le 18 août 2011. Les revenus issus de la vente de tabac sont en effet passés de 230,6 millions d’euros en 2010 à 81,5 millions d’euros en 2011.
L’économie de ce petit pays d’Afrique australe reposait pourtant sur cette culture, à tel point que le tabac y était surnommé «l’or vert». Il comptait pour 60% du commerce extérieur du Malawi et 5% des exportations mondiales de tabac, selon le ministre de l’Agriculture.
Seulement, depuis 2008, le cours du tabac a dégringolé: le kilo est passé de deux euros à 35 cents en 2011. Or, sachant qu'un agriculteur investit 70 cents par kilo, il produit désormais à perte.
C'est pourquoi le syndicat des cultivateurs du Malawi (FUM) a appelé à privilégier la production de café, de coton ou encore de sucre:
«Nous sommes un pays qui a investi très peu dans la production d’autres cultures. Il est grand temps de se pencher dessus car elles sont demandées sur le marché international et nous avons eu assez de pertes comme ça avec le tabac», a déclaré le président du FUM Felix Jumbe.
Quatre-vingt cinq pour cent des 15,8 millions de Malawites dépendent de l’agriculture pour vivre. James Kupinda produit du tabac depuis 1991. Jusqu’à il y a trois ans, cela lui permettait de nourrir sa famille et d’envoyer ses enfants à l’école. Mais aujourd’hui, il n’arrive plus à satisfaire ces besoins, à l'instar des autres producteurs de sa coopérative. Tous envisagent aujourd'hui de délaisser le tabac au profit du soja ou du paprika.
Pour le FUM, les lobbies antitabac sont responsables de la chute de la demande. Mais le centre d’investigation journalistique du journal sud-africain Mail & Guardian a une autre analyse: selon une enquête parue le 29 juillet 2011, les grandes compagnies de tabac achetant aux producteurs fixent des prix plus bas que ceux du marché, afin d'engranger plus de profits.
Cette situation incite par conséquent les petits cultivateurs à faire de la contrebande dans les pays voisins qui proposent un meilleur prix. Or, ce marché noir crée alors un cercle vicieux, en affaiblissant un peu plus l'industrie malawite du tabac.
Lu sur IPS