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Dans la tête des immigrés tunisiens
Les ressortissants tunisiens installés en France donnent leur avis sur la situation dans leur pays.
Alors que François Hollande séjourne en Tunisie pour discuter de la «transition démocratique» du pionnier des printemps arabes, les Tunisiens et Franco-Tunisiens de l’Hexagone ne savent plus que penser sur l’évolution de leur pays d’origine. Dans un reportage du Monde, ces citoyens issus de l’immigration témoignent.
Les réponses montrent une grande diversité d’opinions, qui dépend des expériences personnelles de chacun d’entre eux. Une militante associative interrogée par le journal s’en amuse:
«Sous Ben Ali, on nous faisait croire qu'on était tous pareils. Aujourd'hui, il faut apprendre à se reparler et faire cohabiter nos opinions.»
Certains s’inquiètent de la recrudescence de femmes voilées et d'hommes barbus dans les rues tunisiennes. D’autres, en revanche, repoussent l’idée d’une islamisation de la société et pensent que «sur le terrain, la Tunisie n'a pas changé».
Les témoins s’affrontent également sur l’insécurité, que Le Monde décrit comme «réelle pour les uns, surmédiatisée pour les autres». Un étudiant regrette la faible présence policière à travers le pays qu’un immigré de père tunisien affirme s’y sentir «plus en sécurité que dans les quartiers nord de Marseille», rapporte le site.
Une évolution encore «instable»
La fin de l’ère Ben Ali a marqué un progrès significatif dans la lutte contre la «corruption généralisée», affirme une des personnes sollicitées par le journal. Là encore, un autre observateur nuance ce constat:
«Dans le port de Tunis, le montant des bakchichs a doublé.»
Mais tous s’accordent sur «la situation catastrophique de l'économie tunisienne, qui se traduit par l'explosion des prix et la dévaluation de la monnaie», souligne le reportage. D’après un témoin, le coût de la vie en Tunisie égale presque celui de la France. Les grèves se multiplient, bien plus que sous Ben Ali.
Une situation «encore très instable», donc, qui décourage certains d’entre eux de revenir en Tunisie. A l’inverse, la militante consultée par Le Monde, affirme que beaucoup d’immigrés de deuxième et troisième générations rencontrés dans son association se sont «redécouvert une identité tunisienne et pourraient faire la démarche» d’un retour au pays.
Lu sur Le Monde