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Journée mondiale de la maternité à moindre risque : UNE ATTENTION PARTICULIERE AUX ADOLESCENTES
Selon les statistiques de l'OMS, chaque année 16 millions de jeunes filles accouchent entre 15 et 19 ans et 95% de ces naissances surviennent dans les pays en développement
Notre pays, à l'instar de la communauté internationale a célébré hier la Journée mondiale de la maternité à moindre risque. Cette 9è édition avait pour thème « La grossesse et ses conséquences chez l'adolescente en période de crise ». L'épouse du président de la République par intérim Mme Traoré Mintou Doucouré en a présidé la cérémonie au camp des déplacés de Niamana en présence du ministre de la Santé Soumana Makadji.
La célébration de cette Journée est une invitation à la mobilisation contre la tragédie de la mortalité maternelle et néonatale. Selon le rapport de l'OMS sur la santé dans le monde publié en 2012, environ 8 000 décès maternels sont enregistrés chaque jour dans le monde. Les pays en développement payent le plus lourd tribut avec 99 % de ces décès dont 20 % surviennent en Afrique de l'Ouest et du Centre. Les complications et les décès dus à la grossesse sont plus élevés chez les adolescentes.
Cette période est particulièrement critique en cas de grossesse, d'accouchement et des suites de couches. Dans notre pays, les indicateurs de santé chez les adolescentes sont très préoccupants selon l'enquête démographique de santé (EDS) IV réalisée en 2006.
Le taux de fécondité pour cette couche est de 188 pour 1000 dans la tranche d'âges de 15 à 19 ans, la prévalence contraceptive est de 5 % chez les filles de la même tranche. Aussi, 6,8 % des filles sont enceintes de leur premier enfant avant 16 ans et l'âge du premier rapport sexuel est de 16,1 ans chez les filles. Par ailleurs l'OMS estime que chaque année 16 millions de jeunes filles accouchent entre 15 et 19 ans et que 95 % de ces naissances surviennent dans les pays en développement.
Selon le ministre de la Santé, Soumana Makadji, il a été prouvé que la grossesse chez les adolescentes est un véritable problème de santé publique du fait du risque élevé de mortalité maternelle chez les moins de 15 ans. Ainsi, les complications au cours de la grossesse ou de l'accouchement sont les principales causes de décès chez les adolescentes dans la plupart des pays en développement.
Cet état de fait préoccupant peut s'accentuer lors des situations de crise et d'instabilité. En effet, la crise qu'a connue notre pays a occasionné le déplacement de plusieurs personnes à l'intérieur et à l'extérieur du pays provoquant une situation de promiscuité qui expose les adolescentes et autres personnes vulnérables à l'exploitation sexuelle, aux abus sexuels ainsi qu'à la pédophilie.
Dans notre pays, le gouvernement et ses partenaires ont depuis plus d'une décennie mis en ½uvre plusieurs actions qui ont contribué à la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Le taux de mortalité maternelle est passé de 582 à 464 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 2001 et 2006 selon les EDS III et IV.
Ce progrès est encourageant mais demeure insuffisant par rapport à la réalisation des objectifs 4 et 5 du millénaire pour le développement, selon le ministre qui a souligné qu'il reste beaucoup à faire pour gagner le combat de la mortalité maternelle dans notre pays. Les actions engagées doivent se poursuivre, voire s'intensifier. Dans le contexte actuel, une des actions consistera à encadrer les adolescentes dans leur milieu. Ceci nécessite une forte implication des communauté et des collectivités locales. Cet engagement doit se construire autour de l'augmentation de la disponibilité aux services de santé maternelle, néonatales et infantile de qualité y compris la planification familiale. Il s'agira aussi de faire un plaidoyer pour un engagement fort des leaders et des communautés notamment l'affectation de ressources adéquates pour la santé maternelle, néonatale et infantile.
Appelant chacun à jouer pleinement sa partition pour protéger les adolescentes contre les grossesses à risque, le ministre a sollicité l'engagement de tous surtout au niveau local et communautaire pour des actions concertées.
En phase avec le thème de la journée, Mme Traoré Mintou Doucouré dira que la grossesse chez les adolescentes est un véritable drame vécu par les familles et l'adolescent tant sur le plan sanitaire que social. Cette situation est encore plus prononcée chez les adolescentes déplacées, compte tenu du fait qu'elles ont perdu leurs repères.
Pour la mise en ½uvre des actions en faveur d'une meilleure protection de cette couche fragile la Première dame a lancé un vibrant appel à tous, (ministres, autorités politiques, administratives et coutumières partenaires au développement) pour des actions concrètes à cet effet.
L'un des temps forts de cette cérémonie a été la remise des attestations de reconnaissance aux champions de la campagne « Tous et chacun ». Il s'agit d'Aliou Aya, Mamadou Thiam, tous deux, députés à l'Assemblée nationale ainsi qu'aux Pr Toumani Sidibé et Amadou Dolo.
M. A. TRAORE