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EGYPTE : Feuille de route de l’armée
Selon le grand quotidien gouvernemental Al-Ahram, la feuille de route que l’armée égyptienne prévoit de mettre en place, si le président Islamiste MORSI, contesté par la rue, ne satisfait pas les revendications du peuple, prévoit notamment, un gouvernement intérimaire et une suspension de la Constitution, pour une durée pouvant aller, jusqu’à un an. Le quotidien égyptien gouvernemental Al-Ahram est une véritable institution, en Egypte, qui bénéficie d'une crédibilité totale, auprès de la population. Aucun de nos torchons ne peut prétendre être l'équivalent d'Al-Ahram, en Tunisie.
Les militaires égyptiens ont donné lundi 1er juillet, 48 heures, à Mohamed MORSI, pour satisfaire les revendications du peuple, faute de quoi, ils présenteraient une feuille de route visant à sortir de la crise. MORSI a rejeté cet ultimatum, dans une allocution télévisée mardi soir. Sous le titre « Aujourd’hui, le licenciement ou la démission »,faisant allusion au chef d’Etat contesté, la version électronique du journal Al-Ahram, pourtant, propriété de l’Etat égyptien, révèle aujourd'hui, les principaux points de la feuille de route de l'armée. Selon Al-Ahram, cette feuille de route prévoit une suspension de la Constitution, votée en décembre dernier, mais accusée par les détracteurs de MORSI, d’ouvrir la voie à une islamisation rampante de la législation.
Des experts seront chargés de la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale, tenant compte des exigences des différentes composantes du peuple, avant d’être soumise à référendum, poursuit le journal. Par ailleurs, ajoute Al-Ahram, le texte devra être approuvé par Al-Azhar, la plus haute instance religieuse sunnite du pays. Dans le même temps, un Conseil présidentiel de trois membres, dirigé par le président de la Cour suprême constitutionnelle, sera chargé d’administrer les affaires du pays, pendant une période transitoire, allant de neuf mois, à un an. Ce Conseil est une revendication de l’opposition, notamment, du mouvement Tamarrod, qui est à l’origine des manifestations monstres, réclamant le départ de MORSI.
En outre, un gouvernement intérimaire, composé de personnalités, sans appartenance politique, sera formé pour la période de transition, sous la direction d’un des chefs de l’armée. Ces autorités de transition devront préparer des élections présidentielles et législatives, dans l’ordre qui sera déterminé, par la nouvelle Constitution, ajoute Al-Ahram. L’armée, durant toute la période de transition, supervisera ces procédures, afin d’assurer leur mise en ½uvre en toute impartialité, conclut le journal.
L'on se rappelle que les militaires égyptiens avaient pris les rênes du pouvoir exécutif, pour un intérim controversé, entre la chute du président Hosni Moubarak, en février 2011, et l’arrivée au pouvoir de MORSI, premier président démocratiquement élu du pays, en juin 2012. Citant des sources fiables, le journal ajoute que les personnes qui s’opposeraient à ces mesures, pourront être placées en résidence surveillée, avant d’être soumis aux tribunaux révolutionnaires. Al-Ahram ajoute aussi, que l’armée s’est assurée de placer sous contrôle, les Frères musulmans, dont est issu MORSI, évoquant des résidences surveillées, des avoirs bancaires bloqués et des interdictions de quitter le pays, à l’encontre d’un grand nombre de membres des Frères musulmans et de leur vitrine politique, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ).
Selon le journal Al-Ahram, les forces de sécurité ont perquisitionné des sièges de la puissante confrérie égyptienne et découvert des armes et des munitions. L’opposition a salué l’ultimatum du commandement militaire, y voyant un appui de poids, dans sa volonté de pousser MORSI vers la sortie, de la scène politique du pays. MORSI est accusé de vouloir instaurer un régime autoritaire, au profit des Frères musulmans. Les partisans de MORSI insistent quant à eux, sur la légitimité du premier président démocratiquement élu, de l’histoire du pays, et dénoncent une tentative de coup de force, pour le démettre de ses fonctions. Ils promettent de mettre à feu et à sang, le pays au cas où MORSI est démis de ses fonctions. Prémisses de guerre civile ?
Par Ridha Ben Kacem le 3 juillet 2013