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Protestations à Constantine
Des centaines de candidats recalés au bac session de juin 2013, accompagnés pour la plupart d'un parent, observent, depuis deux jours, un sit-in devant la direction de l'éducation de la wilaya de Constantine. Ce qu'ils veulent ? Ni plus ni moins qu'on leur «donne le bac». Ces candidats ont consulté le site de l'Office national des examens et concours et ont été, disent-ils, «choqués» de trouver la mention «a triché» à côté de leur nom. Que veut-on dire par cette nouvelle formule expéditive ? S'il y a eu fraude, ne faut-il pas encore le prouver sur la base de P-V d'examen dûment signés par les enseignants surveillants ? Qui a décidé de balancer cette «mention» insolite qui se veut un verdict sans appel ? Où est l'Etat de droit ? En gros, ce sont les questions que se posent les élèves et leurs parents. Des candidats, dont l'extrême jeunesse excuse la naïveté, pointent du doigt certains responsables à la direction de l'éducation. Ces derniers, selon eux, auraient effectué durant l'examen une tournée dans les divers centres pour essayer de calmer les candidats qui voulaient abandonner la partie devant la «grande difficulté de l'épreuve de philosophie», un sujet, affirment beaucoup d'élèves, qui n'a jamais été abordé durant l'année scolaire. A titre d'exemple, les candidats des centres de Benbaâtouche et Boushaba, à Sidi Mabrouk (quartier périphérique de Constantine), disent, d'une seule voix, que la direction de l'éducation les a menés en bateau (kelhouna, ndlr). Toujours selon eux, l'un de ces responsables leur aurait clairement suggéré de «se débrouiller pour bricoler des réponses, mais qu'il ne fallait surtout pas abandonner». Comment se débrouiller ? Aussitôt, beaucoup de surveillants, ayant tacitement saisi le sens de ce message énigmatique, mais surtout indigne d'un représentant d'une telle institution, ont accepté de jouer le jeu. «Nous avons même été autorisés à utiliser le portable ; des professeurs nous ont aussi dicté les réponses, c'était une belle débandade en présence même des éléments de la Sûreté qui faisaient semblant de ne rien voir», s'insurgent ces élèves qui, en toute bonne foi, s'estiment «lésés». Pourquoi pas, au regard des nouvelles m½urs algériennes ? Une honte, un scandale sans pareil ! Du laisser-aller à la complaisance «débonnaire», au détriment même des valeurs de la République, le pas est allègrement franchi. Plus aucune excuse n'est permise, dès lors que même les parents, tout sens commun escamoté, soutiennent mordicus que leurs enfants «doivent avoir le bac car on le leur a promis». Qu'est-ce que ce bac de l'ignorance ? A quoi devrait-il servir ? Au milieu de l'après-midi d'hier, voyant que les centaines de candidats ne voulaient toujours pas bouger et continuaient de plus belle de scander des slogans hostiles au directeur de l'éducation (DE), le secrétaire général de la direction de l'éducation a décidé de recevoir les protestataires par groupes de dix. Certains ont rapporté qu'il leur a demandé de faire «un recours individuel» alors qu'ils ont rédigé un recours collectif. De notre côté, nous avons insisté, à maintes reprises, pour rencontrer le DEC, ou même un autre interlocuteur pour avoir leur version des faits, mais l'on nous a poliment fait dire que tout le monde était trop occupé pour faire la moindre déclaration. Pourquoi ce refus de communiquer ? Parce que nous en savons très long sur le scandale du bac 2013, généré et cautionné par les responsables mêmes de la DE au niveau local et par le ministère de tutelle au niveau national. Ce scandale n'est qu'un de plus à inscrire parmi tant d'autres. A l'heure où nous mettons sous presse, les recalés du bac occupaient toujours le parvis de la DE.