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Les immigrés d'Afrique du Sud redoutent l'après-Mandela
Souvent victimes d'agressions, les étrangers craignent un regain de violence à leur encontre une fois Madiba parti.
Régulièrement accusés d’être responsables des malaises sociaux et de la criminalité, les étrangers vivant en Afrique du Sud craignent un redoublement des agressions xénophobes à leur encontre, après la mort de Nelson Mandela.
Une enquête menée par la chaîne France 24 à Sunnyside, un quartier populaire de Pretoria qui ne compte de 30% d’habitants sud-africains, révèle que les immigrés pakistanais, camerounais ou nigérians se sentent ignorés voire méprisés par les sud-africains.
Beaucoup redoutent une nouvelle poussée de violence xénophobe, comme la vague de meurtres sauvages de travailleurs immigrés en 2008 à Johannesburg ou les agressions plus récentes dans les bidonvilles de Diepsloot, près de Johannesburg, en mai 2013.
Des événements qui font tâche sur le drapeau de la nation Arc-en-ciel. Or, selon France 24, jusqu’à présent, «l'ancien président sud-africain avait toujours représenté une sorte de garde-fou, une sécurité morale qui empêchait le pays de basculer dans la violence». Une fois ce garde-fou disparu, le pays pourrait-il ouvrir ses portes à une nouvelle chasse aux immigrés?
La réponse est non, du moins à Pretoria, d’après certains immigrés, qui veulent rester confiants. L’un d’entre eux rappelle que la majorité des commerces de Sunnyside appartient à des travailleurs étrangers et que ce sont eux qui font «tourner l’économie» de ce quartier.
Le contexte social de Pretoria et Sunnyside diffère de celui des bidonvilles qui ont vu l’explosion des violences raciales. Les agressions ont visé principalement des zones reculées où les étrangers sont en minorité, ce qui n’est pas le cas à Sunnyside. Les étrangers interrogés affirment par ailleurs qu’ils sauront se défendre face aux attaques.
Sans craindre donc une véritable chasse à l’homme, les témoins pensent cependant que leur situation empirera après la mort de Mandela. Mais, si certains songent à regagner leur pays d’origine, d’autres n’imaginent pas pour autant quitter le pays:
«Je ne partirai jamais d'ici. Même si on essaie de me déloger. (…) Je suis Sud-Africain. Moi aussi, j'aime Mandela et je suis ici chez moi.»
Lu sur France 24