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Egypte: Morsi ne contrôle plus rien
Avec le ralliement de l'armée aux manifestants et la démission de plusieurs ministres, le président égyptien est désormais isolé.
Le peuple de la place Tahrir peut désormais compter sur le soutien de l’armée. Les forces militaires égyptiennes ont ordonné au gouvernement et à l’opposition d’écouter les demandes de la population dans les 48 heures. Mais le président Mohamed Morsi a fait savoir le 1er juillet 2013 qu’il refusait l’ultimatum.
Pourtant, le président issu des Frères musulmans n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Selon BBC Afrique, il serait même de plus en plus isolé. Le correspondant de CNN au Caire, Ben Wedeman, explique les enjeux des dernières manifestations et de l’implication militaire.
Les Frères musulmans ont réussi à accéder au pouvoir légalement et veulent montrer qu’un mouvement islamiste —le plus vieux et le mieux organisé— peut régner. Mais les Egyptiens n’ont pas vu leur situation s’améliorer. Ils rejettent en bloc ce projet de gouvernance qui place l’islam au centre, car ce n’est pas leur identité, souligne le reporter. Ils se déclarent «Egyptiens avant tout», avant d’être musulmans ou chrétiens.
D’après le journaliste, les gens qui occupent la place Tahrir ont accueilli avec enthousiasme la prise de position de l’armée. La foule a d’ailleurs encore grandi depuis l’annonce. Certains s’inquiètent de ce qui pourrait devenir une nouvelle occupation militaire, comme en février 2011, mais la majorité se sent soutenue.
Ben Wedeman affirme que pour les Egyptiens, l’armée représente la plus forte institution du pays, celle qui peut imposer l’ordre même au-delà des formations politiques. Elle n’a plus confiance en Morsi et les quelques militaires qui le soutiennent encore sont minoritaires.
Le président égyptien ne peut plus compter sur son entourage, estime le correspondant. Pendant des années, les Frères musulmans ont été persécutés, emprisonnés voire parfois tués par le pouvoir en place. Une fois élu, Morsi s’est retrouvé à la tête de l’Etat mais opposé à la police, aux gouvernorats locaux et à l’administration, explique le journaliste de CNN. Si la police comme l’armée délaissent le président, il ne pourra plus compter sur aucune force pour rétablir l’ordre, conclut Wedeman.
Lu sur BBC Afrique