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Rokhayatou Gassama, présidente du Collectif des victimes et des familles des victimes des violences post électorales«des bâtons et du fil de fer ont été introduits dans les parties intimes des détenus»
C'est avec un décalage de 5 jours que le Collectif des victimes et des familles de victimes des violences post électorales a célébré la journée internationale contre la torture, fêtée le 26 juin dernier. La présidente de cette structure, Rokhayatou Gassama a fait des révélations fracassantes.
«L'important aujourd'hui, c'est ce qui se passe dans les lieux de privation de liberté, à savoir la torture. Il y a beaucoup de décès dans ces lieux, de torturés. Pour nous, c'est un mal qui gangrène la démocratie sénégalaise», a dit d'emblée Rokhayatou Gassama, présidente du Collectif des victimes et des familles des victimes des violences post électorales. Elle a fait cette déclaration, avant-hier samedi, lors de la célébration de la journée internationale contre la torture. Pour le cas des jeunes de Colobane, ajoute-t-elle : «Le médecin légiste a fait un diagnostic qui nous inquiète, certains ont des ouvertures de 3 cm au niveau du pénis ou des côtes, des bâtons et du fil de fer ont été introduits dans les parties intimes des détenus.» Ces propos ont été tenus samedi, au siège de la Rencontre africaine des droits de l'homme (Raddho), à l'occasion d'un panel portant sur la «problématique de la torture au Sénégal». Ces méthodes sont jugées «insupportables» par Mme Gassama qui interpelle «les autorités pour que de telles pratiques cessent». La présidente du Collectif a déploré les «lenteurs notées dans le traitement des 52 dossiers constitués». Elle a cependant admis que des progrès sont en train d'être faits par le gouvernement actuel : «Par rapport aux plaintes qui ont été déposées, il y a eu des avancées. Dans l'affaire des victimes de Podor par exemple, des jugements ont été rendus, mais l'écrasante majorité des dossiers attend toujours.»
14 éléments des forces de sécurité sont sous mandat de dépôt
Ces progrès n'ont pas également échappé à Me Assane Dioma Ndiaye de la Ligue sénégalaise des droits de l'homme (Lsdh). Considérant que c'est l'impunité qui favorise la réitération des actes de torture, Me Ndiaye convient : «Depuis un certain temps, nous notons une légère baisse de la cadence de la torture que nous avions jadis connue au Sénégal.» Sous le règne de Macky Sall, poursuit-il, «il y a eu beaucoup d'arrestations, une prompte gestion de l'affaire Kékouta Sidibé par la justice». D'ailleurs, révèle l'avocat international, «14 éléments des forces de sécurité sont présentement sous mandat de dépôt dans les différentes procédures en cours». Selon lui, «c'est tout simplement du jamais vu au Sénégal». Pour éviter tout triomphalisme de l'Etat, Me Ndiaye alerte : «Le phénomène n'a pas disparu, il y a eu seulement une légère baisse. Nous allons continuer notre rôle d'alerte, de dénonciation et de sensibilisation, jusqu'à l'éradication définitive de la torture au Sénégal.»
«Nous n'accepterons pas une indemnisation de 5 à 10 millions FCfa»
Le Collectif et ses avocats ont applaudi des deux mains l'annonce par l'Etat de la mise en place d'une Commission chargée de travailler à l'indemnisation des familles des victimes. Mais, préviennent-ils, «cette commission doit impliquer toutes les parties prenantes». Mieux, menace Seydi Gassama d'Amnesty International, «le tribunal a proposé une indemnisation de 25 millions FCfa dans l'affaire des jeunes tués au domicile de Bécaye Diop, ancien ministre de l'Intérieur. C'est une jurisprudence, nous n'accepterons pas que l'Etat donne 5 à 10 millions FCfa, comme cela a été le cas dans le dossier du Joola». Même si lui aussi admet un frémissement, il affirme : «Il n'y a pas d'excuses à la pratique de la torture.» Un panéliste comme le commissaire Cheikh Tidiane Ndiaye, enseignant à l'Ecole nationale de police, est d'avis qu'il y a un «déficit global de la prise en charge de la sécurité au Sénégal». Selon lui, «on ne peut résoudre la question de la torture sans une formation initiale et permanente du policier, produit d'une société secrétant elle-même beaucoup de violence».
L'Observateur
«L'important aujourd'hui, c'est ce qui se passe dans les lieux de privation de liberté, à savoir la torture. Il y a beaucoup de décès dans ces lieux, de torturés. Pour nous, c'est un mal qui gangrène la démocratie sénégalaise», a dit d'emblée Rokhayatou Gassama, présidente du Collectif des victimes et des familles des victimes des violences post électorales. Elle a fait cette déclaration, avant-hier samedi, lors de la célébration de la journée internationale contre la torture. Pour le cas des jeunes de Colobane, ajoute-t-elle : «Le médecin légiste a fait un diagnostic qui nous inquiète, certains ont des ouvertures de 3 cm au niveau du pénis ou des côtes, des bâtons et du fil de fer ont été introduits dans les parties intimes des détenus.» Ces propos ont été tenus samedi, au siège de la Rencontre africaine des droits de l'homme (Raddho), à l'occasion d'un panel portant sur la «problématique de la torture au Sénégal». Ces méthodes sont jugées «insupportables» par Mme Gassama qui interpelle «les autorités pour que de telles pratiques cessent». La présidente du Collectif a déploré les «lenteurs notées dans le traitement des 52 dossiers constitués». Elle a cependant admis que des progrès sont en train d'être faits par le gouvernement actuel : «Par rapport aux plaintes qui ont été déposées, il y a eu des avancées. Dans l'affaire des victimes de Podor par exemple, des jugements ont été rendus, mais l'écrasante majorité des dossiers attend toujours.»
14 éléments des forces de sécurité sont sous mandat de dépôt
Ces progrès n'ont pas également échappé à Me Assane Dioma Ndiaye de la Ligue sénégalaise des droits de l'homme (Lsdh). Considérant que c'est l'impunité qui favorise la réitération des actes de torture, Me Ndiaye convient : «Depuis un certain temps, nous notons une légère baisse de la cadence de la torture que nous avions jadis connue au Sénégal.» Sous le règne de Macky Sall, poursuit-il, «il y a eu beaucoup d'arrestations, une prompte gestion de l'affaire Kékouta Sidibé par la justice». D'ailleurs, révèle l'avocat international, «14 éléments des forces de sécurité sont présentement sous mandat de dépôt dans les différentes procédures en cours». Selon lui, «c'est tout simplement du jamais vu au Sénégal». Pour éviter tout triomphalisme de l'Etat, Me Ndiaye alerte : «Le phénomène n'a pas disparu, il y a eu seulement une légère baisse. Nous allons continuer notre rôle d'alerte, de dénonciation et de sensibilisation, jusqu'à l'éradication définitive de la torture au Sénégal.»
«Nous n'accepterons pas une indemnisation de 5 à 10 millions FCfa»
Le Collectif et ses avocats ont applaudi des deux mains l'annonce par l'Etat de la mise en place d'une Commission chargée de travailler à l'indemnisation des familles des victimes. Mais, préviennent-ils, «cette commission doit impliquer toutes les parties prenantes». Mieux, menace Seydi Gassama d'Amnesty International, «le tribunal a proposé une indemnisation de 25 millions FCfa dans l'affaire des jeunes tués au domicile de Bécaye Diop, ancien ministre de l'Intérieur. C'est une jurisprudence, nous n'accepterons pas que l'Etat donne 5 à 10 millions FCfa, comme cela a été le cas dans le dossier du Joola». Même si lui aussi admet un frémissement, il affirme : «Il n'y a pas d'excuses à la pratique de la torture.» Un panéliste comme le commissaire Cheikh Tidiane Ndiaye, enseignant à l'Ecole nationale de police, est d'avis qu'il y a un «déficit global de la prise en charge de la sécurité au Sénégal». Selon lui, «on ne peut résoudre la question de la torture sans une formation initiale et permanente du policier, produit d'une société secrétant elle-même beaucoup de violence».
L'Observateur