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Makaziwe et Mandla, les deux rivaux de la famille Mandela
Portraits croisés des héritiers de Mandela, sur fond de querelles familiales.
La grande famille de Nelson Mandela semble déchirée entre deux clans rivaux pendant que leur aïeul poursuit son séjour dans une clinique de Pretoria. Deux factions et deux leaders prétendent au titre de chef de famille: Mandla, le petit-fils de 38 ans et Makaziwe, la fille de 60 ans, explique le Mail & Guardian. Le quotidien sud-africain brosse un savoureux portrait croisé des deux «frères ennemis».
Mandla, le chef officiel
Mandla Mandela est le fils de Makgatho Mandela, le deuxième enfant du héros de la lutte anti-apartheid. Lorsque Makgatho meurt du sida en 2005, Mandla est désigné par Mandela lui-même pour prendre la tête du village de Mvezo (village natal de Mandela, dans la province du cap-Oriental, sud du Pays). Le sulfureux petit-fils devenu chef de clan n'a alors que 32 ans.
Diplômé de sciences politiques à l’université de Rhodes, Mandla Mandela qui a récemment confié à l'AFP avoir toujours rêvé de devenir DJ, siège au Parlement sud-africain depuis 2009, en tant que député de l’ANC.
Mais, comme le souligne le Mail&Guardian, c’est surtout pour ses démêlés avec la justice que Mandla Mandela est connu dans le pays. Ses trois mariages ont débouché sur des séparations ou des annulations. La procédure de divorce d’avec sa première épouse n’est toujours pas achevée depuis 2009 et, en 2012, des biens d’une valeur de 100.000 rands (environ 7.800 euros) ont été confisqués à Mandla pour payer la pension alimentaire de celle-ci, ajoute le principal quotidien sud-africain.
La même année, Mandla bat des records d’impopularité: une femme le poursuit en justice pour agression et il est inculpé pour avoir déterré des tombes à Mvezo, afin de construire un stade sur ces terres. Mais Mandla Mandela a toujours affirmé qu'il s'agit d'un projet de développement qui permettrait aux jeunes d'exposer leurs talents. L’affaire est en cours de jugement.
Petite cerise sur le gâteau, le 28 juin 2013, il est assigné en justice par seize membres de sa famille dont Makaziwe, pour avoir déplacé les tombes des enfants de Mandela de Qunu (le village où a grandi Madiba, toujours dans le Cap-Oriental) à Mvezo.
Makaziwe, l'influence officieuse
Makaziwe Mandela n’est pas en reste de mauvaise publicité: sa décision de poursuivre les directeurs du fonds d’investissement nommés par son père est considérée par les médias comme un «acte de cupidité». Ensuite, son intervention douteuse à propos des médias internationaux qui siègent devant l’hôpital de Pretoria où est soigné son père, qu’elle qualifie de «vautours racistes» ne fait pas l’unanimité dans sa famille, croit savoir le Mail&Guardian.
Quatrième enfant dans l'ordre généalogique et aînée des enfants de Madiba encore vivants, Makaziwe est née du premier mariage de Nelson Mandela avec Evelyn Ntoko Mase. Âgée de 60 ans, elle est diplômée de l’université de Fort Hare au Cap et titulaire d’un doctorat d’anthropologie obtenu à l'université du Massachusetts. Cette femme au verbe haut et truculent dirige l'Industrial Development Group, qui domine les secteurs pétrolifères et miniers en Afrique du Sud.
L'on observe tout de même que Makaziwe est pratiquement la seule à s'adresser à la presse. Le Mail&Guardian rappelle d'ailleurs que c’est elle qui a finalement emporté la décision de faire enterrer Nelson Mandela à Qunu, à lissue d'une réunion de crise le 25 juin 2013.
Maki, comme on l'appelle semble donc s’affirmer comme une figure d’autorité de la famille, rivalisant avec Mandla. Les adversaires devront pourtant trouver un terrain d’entente, sous peine d’éclabousser de scandale le nom de Mandela, conclut le Mail&Guardian.
Anna Romani