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Hissène Habré, le début de la fin
L'ancien président tchadien est en garde à vue depuis le 30 juin, à Dakar.
Brutalement la vie a cessé d’être un long fleuve tranquille pour Hissène Habré. Rattrapé par ses propres turpitudes politiques, l’ancien maître du Tchad est en garde à vue depuis le 30 juin 2013.
Le résident du luxueux quartier des Almadies a été empoigné sans salamalec par la sécurité, pour être conduit et gardé en lieu sûr, en attendant sa comparution devant un tribunal spécialement créé pour cet ex-grand seigneur de guerre qui avait droit de vie et de mort sur ses compatriotes.
Le commandant Galopin et Françoise Claustre, tous deux Français ont eu le mortel privilège de goûter aux monstruosités de cet homme qui avait la particularité d’être un intellectuel rusé, impitoyable et sans état d’âme.
La planque
Tant qu’Abdou Diouf et Abdoulaye Wade étaient au pouvoir, l’homme était visiblement serein face à son passé et à son futur. Dans un Sénégal à plus de 90% musulman, gouverné par des présidents musulmans qui puisent leurs viatiques politiques à la source de l’islam, Hissène Habré se sentait intimement adopté par le pays de la teranga (hospitalité) où le mouridisme et la tidjania forment le socle de la société sénégalaise.
Le renard du Tchad s’est offert un supplément de sécurité en faisant entrer dans son antre dakarois une épouse sénégalaise. L’homme avait donc toutes les raisons d’être confiant. Ce, d’autant que de nombreuses tentatives de l’amener sur le bûcher, avaient échoué.
Mais c’était oublier que l’histoire procède par des ralentissements et des accélérations à la fois fous et imprévisibles. En vérité, depuis l’élection de Macky Sall à la présidence de la République, Hissène Habré ne dormait plus que d’un œil. Car tout commençait à vaciller autour de lui et il sentait plus ou moins vaguement qu’un orage s’annonçait, dont les effets seraient dévastateurs pour la suite de son aventure sur la terre des hommes.
Fausse quiétude
Sitôt installé à la présidence de la République, Macky Sall n’est pas passé par les chemins tortueux de la fioriture pour annoncer qu’il était prêt à fendre l’armure de l’impunité. Comme pour annoncer sa détermination en la matière, le filet de pêche qu’il lance dans le lac de l’impunité, ramène sur la rive un gros poisson frétillant nommé Karim Wade.
Dès lors Habré était en droit de ne plus se faire d’illusions. Mais le coup de massue aura été sans doute la visite d’Obama et les phrases assassines de ce dernier sur la démocratie et l’impunité. A partir de ce moment-là, Hissène Habré, cet homme qui a empilé de nombreux cadavres dans ses sombres placards, savait que l’heure était venue, pour lui, de faire face à des fantômes qui ont décidé d’entonner en chœur le chant de la déchéance irréversible.