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Autant le dire… : Si c'était comme cela qu'on marchait…

Il faut tout de suite saluer les organisateurs de la marche de l'opposition du 29 juin 2013. Parce que, tout simplement, non seulement ils ont fait montre de patriotisme, mais surtout de civisme et d'esprit démocratique. En effet, la marche en elle-même est un acte démocratique. A Ouagadougou, à Koudougou, à Koupélà, à Dédougou, à Bobo-Dioulasso, et dans d'autres villes du pays, elle a permis ainsi l'expression de la démocratie en dehors de l'Assemblée nationale.

Sans aucun acte de vandalisme, de casse de biens publics ou privés, de brûlure de pneumatiques sur les voies, sans affrontement véritable entre manifestants et forces de l'ordre,... Ce qui est tout à son honneur car les Burkinabé ont compris qu'on peut bien manifester aussi bruyamment qu'on le veut sans faire des dégâts sur les biens publics qui nous appartiennent à tous. C'est le signe, sans doute, que la lutte contre l'incivisme est en train de porter ses fruits.

C'est d'abord au sein de l'Assemblée nationale, épicentre de la démocratie et du débat politique contradictoire, que l'opposition s'est exprimée en dénonçant et en boycottant le vote qui créait le Sénat. Voulant sans doute prendre le peuple à témoin, elle a organisé cette marche pacifique. Malheureusement, il s'est trouvé (encore ?) des manifestants assez surexcités qui n'ont pas respecté les consignes des organisateurs de la marche. D'où l'usage du gaz lacrymogène pour disperser les marcheurs. Zéphirin Diabré, le chef de file de l'opposition lui-même l'a reconnu. En clair, cela revient à dire que de leur côté, les forces de l'ordre ont joué leur partition avec professionnalisme. Il ne pouvait en être autrement car ceux qui marchaient sont des Burkinabè et ceux qui étaient en face sont aussi des Burkinabè. Il n'y avait donc pas de raison majeure pour que les deux côtés se rentrent dedans. Une fois de plus, malheureusement que les choses ne se soient pas déroulées de bout en bout comme prévu.

Quant au gouvernement qui a permis le déroulement de cette marche, c'est aussi à son honneur d'avoir permis l'expression de la démocratie. Mais, les choses ne devraient pas s'arrêter là car, un message lui a été remis, même s'il est destiné au président du Faso. Aussi, il ne serait pas mal vu que dans les jours à venir, il ouvre le dialogue avec l'opposition sur les questions contenues dans le message. Car, en vérité, si le gouvernement pouvait faire en sorte que la vie soit moins chère au Faso, il l'aurait fait et les Burkinabè seraient plus heureux. S'il pouvait rendre les soins de santé gratuits, l'éduction gratuite, permettre l'accès à l'eau potable pour tous, à l'assainissement et à l'électricité partout dans le Burkina, sans doute qu'il l'aurait fait. C'est pourquoi, il est nécessaire de discuter de toutes les questions et permettre au peuple de comprendre exactement pourquoi par exemple le prix du gaz a augmenté, pourquoi le prix de certains produits de base a augmenté.

L'opposition de son côté, en dénonçant l'augmentation de ces prix, a sans aucun doute des propositions à faire pour qu'ensemble nous ne vivions pas cette vie chère. Parce que, tout compte fait, les deux parties sont à la recherche du bonheur pour tous les Burkinabé. Pour ce qui concerne le Sénat, si le débat peut être réouvert, il ne serait pas mauvais de le faire. Le seul fait qu'il est déjà constitutionnalisé ne suffit pas pour le mettre nécessairement en place. Aussi, il reviendra aux deux parties de trouver des voies et moyens, soit de l'expérimenter pour une période donnée soit de le supprimer tout simplement en procédant à la révision de la Constitution qui prévoit elle-même les modalités de sa révision. Et la seule voie qui nous reste actuellement est celle du référendum car l'Assemblée nationale qui vient de voter la loi ne devrait pas être prête à se dédire. A moins que le président décide autrement.

Dabaoué Audrianne KANI

L'Express du Faso

Le Faso

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