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Kiosque, Alger, 16 décembre 2005. FAYEZ NURELDINE / AFP
Kiosque, Alger, 16 décembre 2005. FAYEZ NURELDINE / AFP

Humilier les journalistes, c'est humilier l'Algérie

Hichem Aboud, un patron de presse algérien, est dans la ligne de mire du régime. Dans une lettre ouverte, il réclame que cesse l'humiliation.

Refoulé à l’aéroport international d’Alger et interdit de quitter le territoire, Hichem Aboud, directeur de publication des quotidiens Algériens Jaridati et Mon Journal, (censurés le 19 mai dernier pour avoir annoncé dans un dossier que le président Bouteflika était dans un «état comateux») semble dans la ligne de mire du régime. Il a été interdit de rejoindre la Tunisie, ce mercredi 26 juin, où il était attendu sur un plateau télé.

Il s’insurge, accuse et dénonce. Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, il réclame que cesse l’humiliation.

Lettre ouverte à Monsieur le Premier ministre:

Monsieur le Premier ministre,

Je viens de faire l’objet, aujourd’hui 26 juin, d’une interdiction de sortie du territoire national sans que ne me soit indiqué le motif de cette décision illégale et arbitraire. Une décision qui vient dans la suite de l’interdiction des deux quotidiens nationaux que je dirige, «Jaridati » et « Mon journal » de la publicité institutionnelle depuis le 6 juin et de l’annonce d’une série d’accusations qui réduisent l’Algérie à une taille qui n’est guère la sienne.

Est-ce que l’Algérie qui a combattu et vaincu l’une des plus grandes puissances militaires et ses alliés est-elle devenue si faible pour qu’une déclaration de presse d’un simple journaliste puisse constituer une menace à sa sécurité et à son intégrité territoriale ? Pour ma part, je n’oserai jamais me sentir au niveau d’un Etat de la grandeur de l’Algérie pour prétendre à menacer sa sécurité et son intégrité territoriale.

Monsieur le Premier ministre,

Malgré un exil forcé de 15 ans, je n’ai jamais pensé un seul instant à me naturaliser ni même mon épouse et mes enfants n’ont pensé le faire pour la simple raison que je me suis, toujours, senti fier d’appartenir à la Grande Algérie. Et dire qu’ils sont nombreux ces hauts responsables de l’Etat qui ont la double nationalité et certains d’entre eux siègent au gouvernement.

Cette même fierté d’appartenance à l’Algérie a fait que lors de ma participation à la 23 ème session de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU qui s’est déroulée à Genève du 27 mai au 14 juin, je me sentais dans une gêne profonde en voyant des participants évoquer les accusations dont on m’accable dans mon pays. J’ai tout fait pour minimiser ces accusations tellement j’avais honte pour mon pays.

Aujourd’hui, je suis victime d’un acharnement qui n’honore guère l’Etat algérien. Et je me demande quel est l’intérêt de l’Algérie à ce que soit entravée ma liberté de circulation ? Cela ne fera que ternir l’image de mon pays.

Au moment où ceux qui ont dilapidé les deniers publics et dont leur implication dans de scandaleuses affaires de corruption ne sont nullement inquiétés et circulent en toute liberté, un journaliste fait l’objet d’un acharnement administratif, judiciaire et policier dont les auteurs doivent, au moins, expliquer leurs motivations.

C’est en votre qualité de premier ministre chargé des plus hautes fonctions en l’absence du chef de l’Etat, que je vous prie de bien vouloir éclairer ma lanterne et celle de l’opinion publique sur les raisons de ce harcèlement et sur ses auteurs, afin que les responsabilités soient situées. Et que cesse l’humiliation de l’Algérie à travers des mesures illégales en contradiction avec les principes d’un Etat de droit.

Hichem Aboud

Fella Bouredji

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Fella Bouredji

Critique littéraire et journaliste au quotidien algérien El Watan

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