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DEPOLLUTION DE LA BAIE DE HANN La France suspend ses 21 milliards

Le projet de dépollution de la baie de Hann, d'un coût global de 33 milliards de F Cfa, risque de payer les frais de «l'échec» de l'émissaire de Cambérène. En effet, l'Ambassadeur de France au Sénégal, Nicolas Normand, a décidé de suspendre tout assentiment de l'Agence française de développement (AFD), principal bailleur du projet, à hauteur de 21 milliards, sur cette baie, tant qu'il n'y a pas de consensus et l'adhésion des populations locales.

«Je suis obligé de suspendre tout assentiment de l'Agence française de développement (AFD) sur la baie de Hann tant qu'il n'y a pas de consensus, le consentement des populations locales». L'ambassadeur de France au Sénégal est formel. «Il n'est pas question pour la France et l'Agence française de développement de promouvoir un projet qui ne serait pas réellement voulu par les populations et aussi par les autorités». Nicolas Normand prenait part avant-hier, mardi 25 juin, à la Réunion de programmation du 11ième Fonds européen de développement (FED - 2014-2020) dont l'une des trois composante, le secteur de «l'Eau et l'assainissement», est couvert la France et l'Union européenne.

Partant de «l'échec» du projet de construction d'un émissaire pour l'évacuation des eaux usées à Cambérène financé par l'Union européenne, à hauteur de 7 milliards de F Cfa, le diplomate français a affirmé que l'AFD, qui est ici sous la tutelle de l'Ambassade de France, ne peut pas financer un projet qui ne rencontre pas l'adhésion des populations, principales bénéficiaires, comme cela semble être le cas pour ce projet. «On ne peut pas faire un projet s'il n'y a pas véritablement de consensus. Pour la baie de Hann, le projet semble bien techniquement, mais il semble qu'il n'a pas encore réuni le consensus complet de la population, mais ça c'est à vérifier. Mais il faut les deux: autorités et populations doivent être en phase quand-même. J'attends qu'il y ait un consensus général, pas seulement celui des autorités gouvernementales, ou des experts», a-t-il souligné.

Pourtant, l'ambassadeur de France au Sénégal admet que «l'émissaire de Cambérène ou la dépollution de la baie de Hann sont de bons projets techniquement, bénéfiques aux populations». N'empêche, «nous devons vérifier qu'il y a un véritable consensus parce que nous avons été impressionné par l'échec, on peut utiliser ce mot, il faut appeler un chat, un chat, de l'émissaire de Cambérène qui n'était pas financé par la France directement, mais par l'Union européenne». C'est un projet «qui coutait 7 milliards de Francs de Cfa et qui à ce jour n'a pas encore abouti à cause d'une résistance de la population locale. On espère qu'il va aboutir et on voudrait éviter les mêmes erreurs, c'est tout. Il y a eu sans doute des erreurs sur la sensibilisation, la participation des populations qui n'a pas dû être suffisante puisqu'elles n'ont pas adhéré en nombre suffisant au projet. Il faut éviter les mêmes erreurs», a-t-il plaidé.

Dégâts collatéraux de l'échec de l'émissaire de Cambérène
Les autorités de la ville de Dakar à laquelle appartient la baie de Hann en sont informées. «J'en ai parlé au maire de Dakar. Il faut une approche concertée pour ne pas revivre le même problème qu'à Cambérène. Donc on veut vérifier que, pour la baie de Hann, il y a bien une bonne adhésion des populations, de la municipalité de Dakar, des autorités, c'est tout. Si le projet de l'émissaire de Cambérène avait abouti, il n'y aurait pas de problème».

Auparavant, des autorités sénégalaises présentes à la rencontre avaient tenté de rassurer Nicolas Normand, qui s'est d'abord interrogé : «où on en est avec l'émissaire de Cambérène ?», avant de décliner la position de la France, suite aux réponses des premiers. Selon Thierno Ahmed Baba Ly, le Secrétaire général du ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement, la confiance a été rétablie avec les populations. «Il y a eu rétablissement de la confiance sur l'émissaire de Cambérène. Une commission se réunit tous les quinze jours avec le Comité de défense des intérêts de Cambérène pour statuer sur la question».

Et le ministre du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, de renchérir: «les deux projets ne seront pas abandonnés, mais poursuivis. Nous réaffirmons la volonté (de l'Etat) de mettre en ½uvre ces projets», a-t-il précisé.

D'un coût global estimé à 33 milliards de F Cfa, le projet de dépollution de la baie de Hann, jadis l'une des plus belles au monde, devrait démarrer courant 2013 et les ouvrages réceptionnés en 2015. Il est financé par l'Agence française de développement (AFD) qui devrait décaisser 21 milliards de F Cfa et la Banque européenne d'investissement (BEI) qui s'est engagé à hauteur de 12 milliards de F Cfa. Ce projet «ambitieux», qui s'étend du Port autonome de Dakar (PAD) à Petit Mbao, prévoit la construction d'un réseau d'assainissement comprenant un collecteur-intercepteur sur 15 km, une station d'épuration et un émissaire à hauteur de 3 kilomètres, en pleine mer pour le rejet des eaux traitées.

Sud Quotidien

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