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In Gulf We Trust…
Ce sont de bonnes nouvelles qui viennent du Golfe. D'abord l'annonce du don émirati de 1,25 milliard de dollars, en concrétisation de la promesse des Etats membres du CCG d'octroyer 5 milliards de dollars au Maroc pour accélérer son développement économique et infrastructurel. On se rappelle que le Koweït avait été le premier à concrétiser cette promesse à la fin de l'année passée et c'est aujourd'hui le tour des EAU, alors que la situation financière du Royaume n'est pas des plus brillantes. Cette manne, certes, ne viendra pas alimenter directement les caisses de l'Etat, mais, administrée par un fonds émirati, elle sera judicieusement investi dans des projets de développement locaux, ce qui aura un impact direct sur la création de richesses diverses, l'emploi et la croissance. On ne pouvait pas souhaiter mieux alors que le Gouvernement Benkirane, sous la pression du FMI et de la Banque Mondiale, a été contraint en début de 2013 d'annoncer une coupe de 25 milliards de dirhams dans le Budget d'investissement de l'Etat au titre de la Loi de Finances.
La seconde information qui nous vient du Moyen-Orient, même si elle n'est pas encore tout à fait officielle, est celle de la cession des parts de Vivendi dans le capital de Maroc Telecom à l'opérateur émirati Etisalat. Une bonne nouvelle essentiellement parce que cette compagnie, qui a fait une offre meilleure que celle du concurrent qatari Oreedo, dispose déjà d'une belle implantation en Afrique, notamment en Tanzanie, au Nigeria, en Egypte, au Soudan, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo, au Gabon, au Niger et en Centrafrique.
Voilà donc une belle opération qui permettra, tant à Maroc Telecom qu'au repreneur, de faire jouer des synergies sub-sahariennes et d'occuper une place de choix dans un secteur d'activités au fort potentiel de développement sur ce contient d'avenir qu'est l'Afrique.
L'Etat, qui possède 30 % du capital de Maroc Telecom, bénéficiera directement de cette nouvelle configuration, à la fois par les bénéfices réalisés grâce à la croissance externe, mais aussi du fait que l'opérateur historique national est aujourd'hui le premier contributeur fiscal du Royaume, sans mésestimer, enfin, les belles opportunités de carrières «d'expat» qui vont s'ouvrir à des dizaines de hauts diplômés nationaux… Abdeslem Ahizoune, sans doute tenu à un devoir de réserve, doit néanmoins se frotter les mains devant ce beau challenge qui s'offre à lui, du haut de la splendide Tour de Maroc Telecom !
Enfin, dernière nouvelle qui, indirectement, sert les intérêts stratégiques de Rabat, l'annonce de la démission de Cheikh Hamad, qui dirigeait le Qatar depuis son coup d'état contre son père en 1995. C'est Cheikh Tamim, fils de sa seconde et influente épouse, qui lui succède et cette nouvelle donne sera fort appréciée chez nous alors qu'un vieux contentieux existait entre le Qatar et le Maroc, lorsque feu Hassan II avait stigmatisé officiellement le «dirty trick» de Hamad contre son père, exilé en Suisse depuis près de vingt ans.
Le Qatar, ce sont à la fois des milliards de dollars qui s'investissent un peu partout dans le monde, une chaîne de télévision Al Jazeera, qui «fait le printemps» quand elle veut là où elle veut, une influence politique et diplomatique internationale aussi grande qu'est exigu le territoire qatari.
Cheikh Tamim, la belle trentaine, entretient d'excellents rapports avec la Monarchie marocaine et son arrivée au pouvoir, de façon aussi soft que souhaitée par bien des capitales, ne manquera pas d'avoir certains effets sur le cours des relations maroco-qataries.
Cette nouvelle configuration du champ relationnel du Royaume, notamment dans ses aspects financiers et économiques, est, incontestablement positive. Elle se présente, en effet, comme une alternative crédible et potentiellement riche alors qu'au Nord, nos voisins immédiats s'enfoncent dans le marasme économique, réduisent leurs investissements extérieurs, leurs importations et leur consommation.
La croissance, les opportunités d'affaires, les joint-ventures et même les offres d'emplois sont aujourd'hui notamment dans le Golfe et l'Afrique. Le Maroc fait bien de se tourner vers d'autres horizons alors que la vieille Europe décline lentement, mais inéluctablement…
Fahd YATA