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Meknès- Tafilalet : Haro sur l’habitat insalubre

Lancé en 2004 par les autorités gouvernementales, le ''Programme Villes Sans Bidonvilles'' a permis d'enregistrer des progrès significatifs dans la résorption des bidonvilles initialement ciblés et l'amélioration des conditions d'habitat des ménages à faibles revenus.   C'est dans cette optique que La Nouvelle Tribune a contacté l'Inspecteur Régional de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville, Région Meknès- Tafilalet. Entretien.

 

La Nouvelle Tribune : Pouvez-vous nous dresser un tableau sur la situation de l'habitat insalubre (bidonvilles et autres) à Meknès ?

El Kahlaoui Mustapha : Rappelons tout d'abord que la Région Meknès-Tafilalet est une des plus vastes Régions au niveau national. Elle est ainsi caractérisée par une diversité socio-spatiale remarquable. Géographiquement nous passons de la plaine à la montagne aux hauts plateaux, puis à l'espace saharien.

Certes, cette dissemblance donne lieu à une richesse importante en matière d'habitat et d'architecture et type agglomérations (médina, parc colonial, ksour, kasbah...). Mais elle donne aussi une multitude de types d'habitats insalubres. Tous les types d'habitats insalubres reconnus au niveau national se trouvent dans cette région (bidonville, quartier d'habitat non réglementaire et habitat menaçant ruine...).

Si des efforts considérables ont été menés pour la résorption des bidonvilles et la régularisation des quartiers non réglementaires, les projets relatifs au traitement du menaçant ruine demeurent sans grande importance face à l'ampleur du phénomène, notamment dans la médina de Meknès.

On estime aujourd'hui le nombre de ménages vivants dans les bidonvilles à 1.800, alors que le programme  '' Villes Sans Bidonvilles '' de la Région ciblait plus de 13.300 ménages.

Pour ce qui est du menaçant ruine, les études et estimations disponibles laissent parler d'un chiffre qui dépasse les 5.000 constructions, dont 3.350 constructions se localisent dans la médina de Meknès.

Pour ce qui est des quartiers non réglementaires, bien qu'on ne dispose pas de données précises, il est important de rappeler que ce type d'habitat a connu une prolifération sensible pendant les années 2010 et  2011.

 

Quel est l'état d'avancement de recasement par rapport à d'autres villes du Royaume dans le cadre du programme national « Villes Sans Bidonvilles » ?

Dans le cadre du programme National '' Villes Sans Bidonvilles ''  lancé en 2004, la Région Meknès-Tafilalet a bénéficié de  la signature de 8 contrats Villes qui concernent 13.300 ménages. Sept villes sont aujourd'hui déclarées sans bidonvilles, à savoir : El Hajeb, Azrou, Khénifra, Agouray, Aït Yaazem, Sabae Ayoune,  et Aïn Taoujdat.

Le bilan est très positif : nous avons pu traiter au total 10.600 cas, et près de 1.000 unités sont aujourd'hui disponibles pour le recasement des ménages restants, soit un taux d'avancement qui dépasse  87%.

Les ménages restants, qui sont tous à Meknès, sont concernés par des projets lancés ou en cours de lancement.

Avec les efforts de tous les partenaires locaux,  on estime que la seule ville qui reste à déclarer sans bidonvilles (Meknès) le sera en 2014.

 

Est-ce qu'il y a des contraintes de recensement ?

Je rappelle dans ce cadre, et comme c'est défini dans les missions des partenaires dans le contrat ville et dans le manuel de procédures relatif au programme national “Villes Sans Bidonvilles”, que l'autorité locale est la partie responsable du recensement.

Le recensement des habitants des bidonvilles est une phase cruciale dans le montage du projet de résorption, mais malheureusement, cette action stimule souvent une augmentation remarquable des ménages. C'est pour cela que les commissions locales de suivi des projets de résorption sont appelées à définir des critères d'éligibilité.

La base de données relative aux bénéficiaires des produits subventionnés (recasement ou relogement), établie par le Holding d'Aménagement Al Omrane,  a permis à ces commissions de détecter et d'éliminer les personnes ayant déjà bénéficié au niveau national.

 

A votre avis, comment l'habitat à faible valeur immobilière temporaire (VIT) encouragera-t-il la résorption des bidonvilles ?

En terme de prévention puisque l'objectif de l'habitat à faible ''VIT'' est de mettre sur le marché un produit compétitif à la Baraque et l'habitat des quartiers non réglementaires. Mais je pense qu'il y a deux questions à soulever dans ce sens. La première, c'est la culture de la famille marocaine rattachée toujours à la maison marocaine traditionnelle, c'est pour cela que les ménages préfèrent le lot. Puis la seconde est liée au problème de la solvabilité des ménages cibles, qui trouvent des difficultés pour l'accès aux crédits, et ce malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics dans le cadre du FOGARIM. Pour ce qui est des ménages recensés dans le cadre des programmes de résorption, ils ne sont pas  souvent intéressés par ce produit bien qu'ils aient la priorité pour en bénéficier. Il est donc nécessaire, si  nous voulons que ce produit contribue à la résorption des bidonvilles, d'encourager sa production là où la demande est manifestée (action préventive), mais surtout promouvoir la capacité de financement des ménages cibles (action de résorption). Reste à signaler que ce type de produit est très demandé  dans la ville de Meknès mais cela n'est pas toujours évident dans les autres villes.

Entretien réalisé par Fatimazahraa Rabbaj

La Nouvelle Tribune

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