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Barack Obama à son arrivée à Dakar, 26 juin 2013 / Reuters
Barack Obama à son arrivée à Dakar, 26 juin 2013 / Reuters

Il faut bien comprendre le choix d'Obama de visiter le Sénégal

Ce pays a su montrer qu'il n'était la chasse gardée de personne.

Depuis le 26 juin, les Sénégalais et leur président, Macky Sall, «trinquent» avec le président de la première puissance du monde: Barack Obama.

Une visite qui restera, sans nul doute, gravée dans les annales de ce pays, mais aussi dans l’Histoire. Et pour cause. Le Sénégal est un pays de l’Afrique de l’Ouest, mais surtout un pays francophone; ce dernier aspect mérite une attention particulière.

Le Sénégal, on ne le dira jamais assez, force respect et admiration. Respect parce que c’est l’un des rares pays ouest-africains à n’avoir jamais connu de coup d’Etat. Admiration parce que malgré les errements de Gorgui (Abdoulaye Wade) en son temps, ce peuple a su opter pour l’alternance, pour la démocratie et elle y est vivante.

Alternance réussie

Une valeur si chère à Obama et aux Etats- Unis qui en ont fait leur profession de foi, une religion. Et c’est tant mieux!

Mais, en réalité, qu’est-ce que l’alternance?

Le Robert donne plusieurs définitions mais nous n’en retiendrons que deux:

«Succession répétée, dans l’espace ou dans le temps, qui fait réapparaître tour à tour, dans un ordre régulier, les éléments d’une série». Ou encore «succession au pouvoir de deux tendances politiques par le jeu du suffrage.»

C’est clair et net. Et comme alternance souvent rime avec démocratie, tout Etat qui ne l’appliquera pas, ne sera pas invité ou ne recevra pas la visite du «Seigneur».

C’est donc à l’honneur du Sénégal, de ce petit pays, mais grand parce qu’il est d’essence démocratique. Au-delà de cette visite, c’est encore un appel qu’Obama lance aux chefs d’Etat africains, surtout à ceux de l’Afrique francophone, elle qui reçoit pour la première fois la visite du chef de l’exécutif américain.

Efforts d’exemplarité

En effet, c’est dans cette partie qu’il y a les plus longs règnes (20 à 30 ans en moyenne), la gouvernance approximative, les régimes présidentialistes, avec tous les pouvoirs concentrés entre les mains du chef de l’exécutif. Elle est sans aucun doute victime de l’héritage colonial français.

C’est aussi le lieu par excellence où on trouve des «hommes forts» dont les chantiers ne s’achèvent que lorsque la mort a emporté les «maîtres d’ouvrage».

A ceux-là, Obama ne rendra pas visite. Pas plus qu’il ne rendra visite aux deux Napoléon des Grands Lacs (Kagamé et Museveni) et au grand médiateur devant l’Eternel (Blaise Compaoré) dont l’action a pourtant été salvatrice pour la sous-région.

Et c’est dommage, car à cause de l’égoïsme de certains dirigeants, bien des populations ne pourront jamais «goûter» aux retombées d’une telle visite.

Dans notre continent, seules comptent pour Obama, les vertus démocratiques dont la pierre angulaire est l’alternance démocratique.

L’Afrique en général, et dans sa partie francophone en particulier, doit se réveiller, œuvrer à avoir des institutions fortes et mettre fin aux régimes présidentialistes, cet héritage empoisonné qu’elle traîne encore en ce XXIe siècle. Pourquoi ne s’inspirerait-elle pas d’ailleurs du modèle anglo-saxon?

Devoir de mémoire

Enfin, Obama se rendra sur l’île de Gorée. Une visite qui est non seulement un devoir de mémoire du peuple noir américain, mais aussi un retour aux sources.

Il vivra en ce haut lieu de l’histoire, une émotion personnelle. Cette tournée africaine est aussi une occasion pour les Etats-Unis d’Amérique de montrer tout leur intérêt soutenu pour l’Afrique.

Une manière comme une autre de rappeler aux Chinois et aux Européens que le continent noir, de plus en plus attractif sur le plan des affaires, ne saurait être la chasse gardée de personne.

Le Pays

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Le Pays. Le plus lu des quotidiens du Burkina Faso.

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