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Les mots de Mandela sur les maux de la vie
Certaines citations de l'icône de la lutte anti-apartheid ont aidé à changer la marche du monde.
Le serment présidentiel
Nelson Mandela prête serment, le 10 mai 1994 / REUTERS
Son discours d'investiture, prononcé le 10 mai 1994, à Pretoria, reflète la philosophie du leader politique. Il croit à la force du collectif sur l’individuel:
«Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès. Nous devons donc agir ensemble, comme un peuple uni, vers une réconciliation nationale, vers la construction d'une nation, vers la naissance d'un nouveau monde.»
Il pousse chacun à rechercher ses capacités d’excellence, convaincu que n’importe qui peut faire de grandes choses:
«Nous sommes nés pour rendre manifeste la puissance divine qui est en nous. Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus: elle est en chacun de nous, et tandis que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.»
L’allocution du nouveau président dresse le portrait d’une nation Arc-en-ciel, où liberté et égalité seront des enjeux de chaque instant:
«Nous nous engageons à bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, qu'ils soient blancs ou noirs, pourront se tenir debout et marcher sans crainte, sûrs de leur droit inaliénable à la dignité humaine —une nation Arc-en-ciel, en paix avec elle-même et avec le monde.»
«Nous avons réussi à implanter l'espoir dans le cœur de millions de personnes de notre peuple. Que règne la liberté, car jamais le soleil ne s'est couché sur réalisation humaine plus glorieuse.»
Le discours d'investiture sous-titré en français
Philosophie de la liberté
Conférence de presse pour l'autobiographie de Nelson Mandela, 1994 / REUTERS
L'homme emprisonné pendant 27 ans a développé un farouche désir de liberté, qu’il expose dans son autobiographie Un long chemin vers la liberté, parue chez Fayard en 1995 et qui sera adaptée au cinéma en 2014. Pour lui, vivre libre ne se conçoit pas sans le respect de la vie en collectivité:
«Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres.»
Mandela ne s’attarde pas sur l’amertume qu’il peut éprouver pour avoir été enfermé si longtemps. Il préfère, en revanche, plaindre ses ennemis, qu’il ne juge pas plus libres que lui mais, prisonniers de clichés et d’une manière de penser rétrograde:
«Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine des préjugés et de l'étroitesse d'esprit. (…) Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu'un d'autre de sa liberté. L'opprimé et l'oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité.»
© DR
L’important, c’est d’essayer
Livres de Nelson Mandela, 2010 / REUTERS
Dans son autre livre, Conversations avec moi-même, une sélection d’archives préfacée par Barack Obama et publiée en 2010 aux éditions de La Martinière, Mandela prouve une fois de plus sa tolérance et sa miséricorde envers les hommes. Lui-même refuse de se considérer comme un saint. Les hommes «normaux» ont sa préférence, comme il le dit avec humour:
«Un saint est un pécheur qui essaie de s'améliorer.»
Pour l’ancien président, les hommes doivent poursuivre leurs idéaux à tout prix. Peu importe s’ils ne se réalisent pas, il suffit de savoir que l’on a essayé de remplir son devoir.
«Les idéaux que nous portons dans notre cœur, nos rêves les plus chers et nos plus fervents espoirs ne se réaliseront peut-être pas de notre vivant. Mais là n’est pas la question. Le fait de savoir que durant ta vie tu as fait ton devoir, que tu as été à la hauteur des attentes de tes camarades est en soi une expérience gratifiante et une réussite superbe.»
Présentation du livre par l'éditeur américain MacMillan
Madiba et l'ubuntu
Cette philosophie humaniste est tirée du courant de pensée nommé ubuntu. Cette forme d’éthique définit toute la politique et toute la vie de Mandela: il croit à la suprématie de la fraternité sur l’individualisme, à la compassion plutôt qu’au narcissisme. L’idéal d’ubuntu, poursuivi par Madiba, c’est non seulement aider les autres, mais aussi voir le meilleur en eux.
«Respect. Partage. Communauté. Générosité. Confiance. (…) C'est tout cela l'esprit d'ubuntu. Ubuntu ne signifie pas que les gens ne doivent pas s'occuper d'eux-mêmes. La question est donc, est-ce que tu vas faire cela de façon à développer la communauté autour de toi et permettre de l'améliorer? Ce sont les choses importantes dans la vie. Et si on peut faire cela, tu as fait quelque chose de très important qui sera apprécié.»
Mandela explique le concept de "Ubuntu" dans une vidéo tournée pour le système d'exploitation du même nom
Anna Romani