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Une homophobie d'Etat s'installe en Afrique © Amnesty International
Une homophobie d'Etat s'installe en Afrique © Amnesty International

Les pays africains qu'il vaut mieux éviter si vous êtes gay

Amnesty International dénonce une montée de l'homophobie orchestrée par les Etats.

La cote d’alerte de l’homophobie est atteinte sur le continent africain. Dans un rapport publié ce 25 juin 2013, Amnesty International pointe du doigt la montée des agressions, emprisonnements et crimes dont sont victimes les personnes homosexuelles et transsexuelles en Afrique.

Ces actes dont les auteurs ne se cachent plus, et dont un certain nombre semblent d’ailleurs se vanter, sont soutenus par des législations que les Etats ne sont pas disposés à faire évoluer.

C’est ce que souligne le rapport d’Amnesty International intitulé «Quand aimer devient un crime». L’organisation de défense des droits de l’homme fait savoir que l’homophobie en Afrique a atteint un niveau plus que dangereux. Et si elle est le résultat de comportements individuels, l’homophobie se présente surtout comme un système orchestré à un niveau plus institutionnel par les Etats. En somme, une homophobie d’Etat. Le mot est lâché.

Dans son rapport, Amnesty International dresse une situation sombre, voire désespérante. Des agressions et des viols de plus en plus en visibles, des arrestations et des emprisonnements à tour de bras, souvent sur la base de dénonciations calomnieuses, des condamnations à mort, des crimes aussi. Même en Afrique du Sud, dont on imagine à tort qu’elle est l’eden des homosexuels du continent.

Tableau noir

En effet, la nation Arc-en-ciel est le seul pays africain où l’homosexualité est légale et où le mariage pour les personnes de même sexe est autorisé. Pourtant, rappelle Amnesty International, cette liberté est relativisée par les nombreuses agressions dont sont fréquemment victimes les homosexuels. Entre juin et novembre 2012, au moins sept personnes dont cinq lesbiennes, ont ainsi été tuées en Afrique du Sud.

Dans l’analyse que fait Amnesty du cas spécifique sud-africain, on trouve une forme d’inertie des autorités. Les agressions et les crimes à l’encontre des personnes lesbiennes, bi, gai et transsexuels tardent souvent à être punis.

De manière plus générale, l’homosexualité est toujours illégale et criminalisée dans 38 pays sur les 54 que compte que le continent. Et parmi eux, il y en qu’il vaut mieux franchement éviter si vous êtes gay.

En Mauritanie, au Soudan et en Somalie, vous risquez carrément la peine la peine de mort. Ces cinq dernières années, le Soudan du Sud, le Burundi, le Liberia, le Nigeria et l’Ouganda ont durci leur législation contre les homosexuels. L’Ouganda tente, par exemple, depuis 2009 de faire voter sa fameuse «Anti-Homosexuality bill» qui prévoit la peine capitale pour «homosexualité aggravée» et des peines de prison pour quiconque n’aurait pas dénoncé un homosexuel dans leur entourage. Cet exemple, à lui tout seul, illustre ce que Amnesty International qualifie de véritable homophobie d’Etat.

Héritage colonial

Ces lois liberticides confortent les populations dans l’idée que les homosexuels et les transgenres sont des criminels ou en tout cas des personnes à abattre.

Le problème étant en plus que la majeure partie des dispositions juridiques de ces Etats en la matière ont été héritées de la colonisation. Dans son rapport Amnesty International suggère aussi l’idée que cette homophobie rampante en Afrique serait financée et favorisée par des groupes religieux adventistes américains.

Espoirs fragiles

Il existe tout de même des raisons d’espérer. Avec notamment l’émergence de nombreuses associations de défense des droits des homosexuels et la reconnaissance internationale de certains activistes LGBTI, malgré les menaces dont ceux-ci sont l’objet dans leurs pays.

Pour Amnesty International, même s’ils sont encore insuffisants, les progrès que font le Cap-Vert, l’île Maurice, le Kenya ou les Seychelles pour décriminaliser l’homosexualité sont à encourager.

Pour lui donner une force et une cohérence et surtout pour que cela fasse tâche d’huile, ce travail de dédiabolisation doit être pris très au sérieux d’abord par la commission africaine des droits de l’homme et des peuples.

Amnesty l’appelle à jouer, enfin, son rôle de protection des droits et des libertés de tous les Africains, y compris ceux des LGBT. Mais, bien évidemment, cela passe d’abord par l’abrogation de toutes les lois homophobes en Afrique. En matière de liberté, il n’ y a pas de vœu pieu.

Raoul Mbog

Raoul Mbog

Raoul Mbog est journaliste à Slate Afrique. Il s'intéresse principalement aux thématiques liées aux mutations sociales et culturelles et aux questions d'identité et de genre en Afrique.

 

 

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