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Comment Facebook a bloqué l'opposition égyptienne

L’idée selon laquelle Facebook serait un vecteur d'expression efficace pour les manifestants égyptiens est aujourd'hui nuancée par les problèmes liés à son système de sécurité et à sa politique de neutralité. Comme le démontre un article du site américain Gawker, Facebook n’est pas un allié infaillible.

D’une part, la politique de l’identité réelle désactive les comptes inscrits sous pseudonyme. Or, pour les groupes qui s’organisent sur Facebook contre le régime de Moubarak, il s'agit d'une protection indispensable face à la répression.

Gawker prend l’exemple du groupe Facebook «We are all Khaled Said» (un jeune homme interpellé et battu à mort par la police égyptienne le 6 juin dernier pour avoir diffusé sur Internet une vidéo montrant deux policiers se partageant de la drogue après un coup de filet), qui compte aujourd'hui plus de 400.000 membres. Il a été temporairement désactivé il y a quatre mois parce que ses administrateurs avaient utilisé des faux noms.

Un autre exemple, en 2007, celui d’un administrateur de la page du «Mouvement du 6 Avril»: il avait été bloqué parce que son filtre automatique pensait qu’il était un spammeur —alors qu'il était en train d’organiser une manifestation avec d’autres membres.

D’autre part, l’entreprise —contrairement à Twitter ou Google— décide d'appliquer la censure uniquement en cas de problèmes liés à la sécurité des utilisateurs, sans prendre en compte la liberté d’expression —par souci de neutralité politique. Pendant la Révolution du jasmin, des hackers pro-Ben Ali (l'ex-président tunisien qui a fui le pays le 14 janvier dernier) s’étaient introduits dans le compte d’opposants.

Le chef du bureau de la sécurité de Facebook, Joe Sullivan précise que «ce qui est arrivé est un problème de sécurité dont la solution est technique.»

Cette approche des évènements et du rôle à y jouer serait très différente de celle de Google et Twitter, qui mènent eux une politique activiste en faveur des manifestants. En Egypte, ceux-ci ont mobilisé leurs ingénieurs pour créer un système de connexion vocale afin de contourner la censure d’Internet.

Lu sur Gawker