SlateAfrique

mis à jour le

L'Egypte aussi a son «Oprah Winfrey»

Dans l'Egypte post-25 janvier, celle qui a fait tomber Moubarak, une femme de ménage peut du jour au lendemain se transformer en star du petit écran. Ghalia Alia Mahmoud, une jeune femme de 33 ans issue d’un quartier populaire est en passe de devenir l'un des symboles de cette nouvelle liberté.

On apprenait le 17 août dans le Washington Post que jusqu'à lors, Ghalia était employée comme cuisinière chez la sœur de Mohamed Gohar, le fondateur de Channel 25 (une nouvelle chaîne de télévision, dont le nom fait référence à la chute du régime). Mais ce dernier n'a pas hésité à «l'arracher» des fourneaux de sa sœur pour la mettre derrière ceux d'une émission culinaire. Et c'est avec une facilité déconcertante que la jeune femme s’est mise à cuisiner pour, et avec les Egyptiens.

A l’écran, sans chichi, foulard sur la tête et tablier noué autour de la taille, elle s’agite au milieu d'une cuisine tout ce qu'il y a de plus commun, où elle concocte un yaourt maison ou une purée de fèves. On la voit également qui va faire ses courses au marché du quartier populaire de Waraa:

«Cette télévision permet aux Egyptiens de se regarder eux-mêmes», affirme Mohamed Gohar.

Lancée le 1er août 2011, le principe de l'émission est de préparer des plats familiaux pour 2,70 euros ou moins. Les recettes à base de viande ne sont par exemple proposées qu’une fois par semaine, le vendredi.

Comment imaginer meilleur symbole que cette jeune femme élevée par une mère veuve avec huit frères et sœurs pour incarner cette nouvelle télévision du peuple? Et qui n’a, comme nombre de ses compatriotes, pas plus de 139 euros par mois pour nourrir une famille de quinze personnes?

Mais au cours de son show, Ghalia Alia Mahmoud répond aussi aux questions des téléspectateurs et n’hésite pas à profiter de la tribune qui lui est offerte pour tenter de faire bouger les lignes:

«Le gouvernement ne traitait que la crème de la crème avec respect et le reste de la population était invisible, confie-t-elle au Washington Post. J'ai tellement d'espoir que pour mes deux filles, le pays sera différent.»

Des prises de position qui lui valent d'ailleurs d’être considérée par la productrice Habiba Hesham comme la Oprah Winfrey égyptienne.

Lu sur The Washington Post