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Zimbabwe - La friperie en danger
En Afrique sub saharienne, le commerce des habits de seconde main (PDF) est assez développé et offre aux plus démunis l’occasion de s’habiller à moindre frais. Ainisi, chaque pays possède son propre vocabulaire. En Côte d’Ivoire et au Mali on parle de «yougou yougou», tandis qu'au Sénégal c'est le «fëgg jaay».
Au Zimbabwe, en Afrique australe où l'on parle simplement de «clothes» (vêtements, en anglais), les vendeuses de fripes font les frais de la politique de relance économique du gouvernement. C’est le constat fait par IPS, qui observe que pour relancer l’industrie textile, en perte de vitesse depuis des années, le gouvernement a imposé en 2010 de nouvelles taxes aux revendeurs de vêtements d’occasion. Mais celles-ci menacent de priver ces femmes de leur seule source de revenus.
Susanne Jabavu, une de ces commerçantes installées à Bulawayo, une grande ville située à plus de 300 km de Harare, la capitale, déclare payer une vingtaine de dollars (14 euros) par kilo de vêtements, soit quatre fois plus qu'avant l'instauration de la taxe:
«L’argent qu’on nous demande à la frontière avant d’amener les balles (d’habits) est trop élevé et il ne sert à rien de faire ces longs voyages en Zambie et au Mozambique si vous ne pouvez pas payer ce droit», déplore-t-elle.
Ainsi, pour amoindrir ses frais Jabuvu a choisi de voyager par la route. «Si j’ai de la chance, je peux me faire prendre par ces camionneurs qui demandent 100 dollars quand je viens du Mozambique. Mais d’autres transporteurs privés exigent plus», note-t-elle.
De son côté, le gouvernement zimbabwéen justifie cette hausse des impôts par la nécessité de sauver le secteur textile, qui continue de s’effondrer. Selon le ministère de l’Industrie du Zimbabwe, près de cent sociétés ont fermé à Bulawayo en 2011. Ce secteur, qui était l’un des plus gros pourvoyeurs d’emplois du Zimbabwe a dû fermer 5.000 postes entre 2007 et 2009. Alors que le Zimbabwe est l'un des pays d'Afrique australe qui s'est le plus paupérisé au cours des dernières années.
Lu sur IPS