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La Jamaa al-islamiya à Louxor: la cité de Thèbes menacée?
La nomination d'un gouverneur issu de ce groupe islamiste a provoqué de nombreuses réactions en Egypte.
Ce dimanche 16 juin, le spectre de l'été 1998 a refait surface: une saison ruinée par l'attentat le plus meurtrier qu' ait connu l'Egypte.
Le 17 novembre 1997, dans l'ancienne Thèbes, 68 touristes trouvaient la mort. L'attentat de Louxor est inscrit dans les mémoires. Pourquoi ce drame a-t-il refait surface ce week-end? Un nom: Adel Asaad El-Khayat. Un groupe: la Jamaa al-islamiya.
Dans la liste des 17 gouverneurs nommés par le président islamiste Mohamed Morsi, un nom attire l'attention des Egyptiens et des libéraux, celui de Adel Asaad El-Khayat, gouverneur de Louxor et membre de la Jamaa al-islamiya. Une branche de ce groupe avait été à l'origine de la tuerie de Louxor en 1997. Depuis 2003, le groupe a renoncé à la violence et rejoint le processus politique depuis 2011.
Salafisme et tourisme
Malgré leur entrée en politique, certains craignent que la base, jugée plus conservatrice, ne s'accomode pas de l'ouverture touristique d'une région comme Louxor. Visitée par des millions de touristes chaque année, la vallée des rois est l'une des attractions les plus prisées des étrangers. Short, alcool, bains de soleil et mixité ne doivent donc pas être remis en question.
Si Adel Asaad El-Khayat n'a pas encore fait savoir les lignes de sa politique, sa nomination à Louxor a déjà été jugé audacieuse, voire très symbolique par de nombreux observateurs. Hormis en Haute-Egypte, l'homme n'est pas connu. Après l'assassinat d'Anouar al-Sadate, il avait été arrêté par la police égyptienne, au même titre que ses camarades de la Jamaa al-islamiya.
Outre le rapport aux touristes étrangers, la nomination d'Adel Asaad El-Khayat surprend car les salafistes ne sont pas connus pour être des amoureux de la culture antique, pré-islamique. Les temples, les dieux et les reliques relèvent, selon eux, de la culture païenne. Il n'est pas rare que des prédiacteurs salafistes se lancent dans des diatribes musclées contre ces vestiges de l'Egypte antique tant adulés des touristes étrangers.
Lu sur Al-Ahram, New York Times, Libération