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Tunisie - Le prix de la démocratie

En Tunisie, à l’approche des élections de l’Assemblée constituante qui se dérouleront le 23 octobre 2011, l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) aurait déjà dépensé 6 millions de dinars (environ 3 millions d’euros) sur les 10 millions versés et issus du budget de l’Etat. L'organe a pour mission, entre autres:

«La préparation du calendrier des élections; l'inscription des électeurs et la préparation des listes électorales; l'organisation du vote et de dépouillement; l'annonce des résultats et le rapport final»

Mais pour le président de l’Instance, Kamel Jendoubi, le montant total de la préparation de ces premières élections démocratiques devrait être bien plus élevé:

«40 millions de dinars est le budget estimatif pour des élections transparentes et libres», a-t-il déclaré le 16 août lors d’une conférence de presse à Tunis, rapporte Business News.

Les 6 millions de dinars déjà dépensés comprennent notamment la création de l’Isie et de ses bureaux régionaux. La moitié de la somme, soit 3 millions, a notamment servi à la création, l’équipement et l’aménagement des bureaux régionaux inexistants jusqu'à lors. Cet argent a été utilisé entre autres pour la mise en place logistique, le paiement des salaires, la formation ou encore les campagnes de sensibilisation.

«La démocratie, ça se paie. La démocratie gratuite n’existe pas! […] Il n’y a pas de démocratie gratuite qu’en dictature», soulignait Kamel Jendoubi.

Certains journalistes jugent élevé le prix à payer. Des inquiétudes entendues par le président de l’Isie, qui a tenu à relativiser les montants annoncés en précisant qu’ils correspondaient aux normes internationales.

Son estimation de 40 millions représente 4 à 41 dinars par électeurs. C'est moins de 1% du budget de l’Etat et moins d’un millième du PIB, selon le site La Presse.

«La démocratie a besoin d’argent, c’est comme cela dans tous les pays démocratiques. C’est un chiffre correct, que nous avons estimé d’après les expériences des pays démocratiques, et qui représente une part dérisoire du budget du pays», précise Jendoubi.

Récemment, l’Isie a mis en place un service de SMS pour informer la population, ainsi qu’un centre d’appel (le numéro à composer est le 1814). Tout en rappelant que l’engouement de la population dépendra de plusieurs facteurs:

«Il n’est pas évident que les gens inscrits vont voter, tout dépendra de l’offre politique et de la situation générale au 23 octobre», a-t-il souligné.

Le nombre des inscrits sur les listes électorales est, au 16 août, de 3.882.727 citoyens. Sur un total de 7 millions d’électeurs potentiels, le taux d’inscrits aurait atteint 55%. La tranche d'âge des 18-30 ans étant majoritaire.

«Le but de ces inscriptions est d’établir pour la première fois après l’indépendance de la Tunisie, des listes électorales sur de bonnes bases qui permettent des élections transparentes. C’est une rupture avec l’ère révolue de la dictature et de l’autoritarisme où les élections étaient falsifiées. Cette expérience est satisfaisante voire positive», résumait Kamel Jendoubi.

Lu sur Business News, GlobalNet