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Algérie - Expulsé pour avoir voulu «exporter la révolution»

La plupart des médias algériens font librement mention de l'affaire et pourtant, le cas de Bayrem Ben Kilani, alias «Bendir Man» n’est pas anodin. Le chanteur tunisien, connu pour ses chansons souvent satiriques à l’égard du régime dictatorial de Ben Ali a été expulsé du territoire algérien le dimanche 14 août.

Les raisons données par les autorités algériennes: avoir voulu exporter, ni plus ni moins, «la révolution tunisienne», relate le site Dernières Nouvelles d’Algérie. Lors de son concert jeudi 13 août à Alger, le chanteur a laissé échapper à une foule en délire une phrase «révolutionnaire» en dédiant sa chanson 99% chaâba dimokratia (à 99% la démocratie du peuple) à tous «les dictateurs arabes, comme celui que nous avions en Tunisie et que vous avez à présent».

Cette pique, adressée directement au président algérien Abdelaziz Bouteflika lui a valu d’être interrompu en plein milieu de son concert à Bejaïa le lendemain pour être dirigé vers l’aéroport d’Alger et sévèrement réprimandé. Le gouvernement n'a pas apprécié qu'un étranger parle ainsi du pays qui a pourtant lui aussi connu un soulèvement populaire en janvier.

Le chanteur de 26 ans n’est pas un novice en matière de censure, puisqu’il a longtemps été interdit de concert sous le régime Ben Ali. Celui qui chante allègrement contre les censeurs d'Ammar 404 (en référence à l’ancien ministre de la Communication Habib Ammar) et le «système» de la dictature déchue s’est retrouvé, après cet incident, interdit de séjour en Algérie.

Face à la polémique, le chanteur algérien Bâaziz (Abdelaziz Bekhti) qui accompagnait Bendir Man lors de son concert a donné une interview le 16 août à la radio Mosaïque FM. Bien qu'il ait condamné l'expulsion de Bendir Man, il a déploré l'ampleur qu'avait pris l'affaire sur le net et a affirmé qu'elle ne concernait en rien le peuple algérien qui avait accueilli à bras ouverts le chanteur.

Lu sur Dernières Nouvelles d'Algérie, Mosaïque FM