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Les perfs de l'OMS fatales aux enfants africains

Le protocole préconisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour traiter les enfants en état de choc (quelle qu'en soit la raison) est aujourd'hui remis en question.

L’état de choc est un syndrome qui se traduit par une insuffisance circulatoire aiguë (manque d’oxygène vers les organes vitaux, baisse de la tension artérielle et du débit cardiaque). Le corps se refroidit, et si la tension n’est pas rapidement rétablie, la mort survient rapidement.

Dans ce cas de figure, l'OMS recommande l'administration d'un traitement par perfusion à diffusion rapide. Or ce dernier, rapporte le site d'information kényan Africa Review, serait «nocif», comme l'a démontré une étude baptisée Feast sur la diffusion des soins par perfusion débutée en janvier 2009 jusqu'en janvier 2011.

De nombreux essais cliniques ont ainsi eu lieu dans six sites d'Afrique de l’Est (en Ouganda, au Kenya et en Tanzanie) pour déterminer «s’il valait mieux suivre les directives internationales de l’OMS sur l’administration rapide de liquide par perfusion pour les enfants en état de choc, ou conserver les pratiques courantes qui favorisent une injection lente».

3.600 cas d’enfants soignés alors qu’ils étaient en état de choc ont été répertoriés et analysés. Le résultat est édifiant, car le taux de survie est plus important chez les enfants ayant bénéficié d’une injection lente de sérum:

«11% des enfants soignés par perfusion rapide sont décédés, tandis que le taux de mortalité des enfants ayant reçu un traitement à perfusion lente était lui de 7,5%».

L’écart peut paraître moindre, mais il faut savoir qu'un enfant sur dix admis dans un hôpital du continent arrive en état de choc. Les statistiques prennent alors une toute autre ampleur.

«Le résultat m’a surpris parce qu’il va à l’encontre des recommandations de l’OMS et de la pratique normale appliquée dans les pays développés. L’étude Feast montre que sur 100 enfants ayant reçu une injection rapide par perfusion, 3 sont morts à cause du traitement et rien d'autre», affirme le professeur Sarah Kiguli, responsable de l’étude en Ouganda.

Le docteur Sam Akech, responsable de l’étude menée au Kenya, estime que les traitements préconisés pour les enfants occidentaux ne sont pas forcément adaptés aux jeunes africains. En effet, les maladies à l'origine de l'état de choc chez les enfants ne sont pas du tout les mêmes:

«Les enfants africains ne sont pas différents de ceux des pays occidentaux, mais leur situation est différente. Ils sont exposés à un profil tout à fait différent de maladies. Par exemple, beaucoup d’entre eux sont traités à cause du paludisme alors que très peu d’enfants des pays développés en souffrent.»

Lu sur Africa Review