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Le fils de Kadhafi propose des élections

Depuis quatre mois la Libye s’est enlisée dans une guerre de territoires entre les forces du colonel Kadhafi et les rebelles, et ce, sans aucune perspective de dénouement.

Dans un entretien publié par le quotidien italien Corriere Della Sera, l’un des fils de Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam Kadhafi, a proposé d’organiser des élections sous la supervision d’observateurs internationaux dans l'objectif d'offrir une solution à la crise.

«Un scrutin pourrait être organisé d’ici trois mois. Nous accepterons les observateurs de l’Union européenne, de l’Union Africaine, de l’ONU, et de l’Otan», a-t-il indiqué.

Dans ce revirement soudain de stratégie politique, Saïf Al-Islam compte faire la démonstration de la popularité de son père dont il prévoit la victoire écrasante:

«Tout le monde va savoir que Kadhafi est toujours très populaire dans son pays. Je n’ai aucun doute que l’écrasante majorité des Libyens sont avec mon père et considère les fondamentalistes islamiques, ces terroristes venant de l’étranger, comme des mercenaires sous le commandement de Sarkozy», a-t-il déclaré.

Les messages adressés à l’endroit de la France restent effectivement au centre des déclarations de Saïf Al-Islam rapportées par le journal italien:

«Les Libyens ne sont pas sans savoir que le président du gouvernement fantoche de Benghazi, Mustafa Abdel Jalil, comme leur commandant militaire, Younes Abdel Fatah, sont des gens qui ont sauté à la dernière minute dans le train des émeutes. Ils ont été ministres de Kadhafi et maintenant ils veulent jouer les leaders contre lui. Ils sont des marionnettes de Paris.»

Le site Radio Canada a fait savoir qu'une porte-parole du département d’Etat américain, a froidement rejeté la proposition d’élections du fils de Kadhafi pour mettre fin à la guerre libyenne:

«Il est un peu tard pour toute proposition de Kadhafi et de son cercle en faveur d'un changement démocratique», a indiqué Victoria Nuland. «Il est temps qu'il parte.»

Le Premier ministre libyen, Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, se montre réticent à l'égard de toutes négociations diplomatiques: «Nous n'accepterons rien qui pourrait être fait contre Kadhafi. Il est une ligne rouge dans nos discussions». Et d'ajouter: «Tout accord qui permettrait la partition du pays est également exclu».

Lorsque le quotidien italien interroge le fils de Kadhafi sur les garanties de transparence autour de ce scrutin voire sur l’hypothèse d'une victoire des rebelles, ce dernier expose son projet:

«Je crois en l’avenir de la Libye composée d’une autonomie locale forte et un gouvernement fédéral faible à Tripoli. Le modèle pourrait être les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande ou l'Australie. Ces derniers mois, j'ai acquis une conviction profonde: la Libye d'avant le 17 février [date de début des manifestations de l'opposition] n'existe plus. Quoi qu'il arrive, y compris la défaite politique et militaire des rebelles, vous ne pouvez pas revenir en arrière. Nous avons besoin de construire quelque chose de nouveau. Si les dirigeants gagnent les élections, "chapeau bas", et nous nous tiendrons de côté. Mais je suis sûr de notre victoire. Sur cinq millions de Libyens, au moins deux millions d’habitants sont avec nous. Cependant, si nous perdons, nous quitterons le gouvernement. Nous respectons les règles. Je ne résisterais pas même si notre premier juif-intellectuel français, Bernard-Henri Lévy, était élu démocratiquement.»

Lu sur Corriere Della Sera, Radio Canada