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Ghana – Décharges, les nouvelles mines de cuivre
Harum Seidu, 27 ans, habite la banlieue d’Accra, la capitale du Ghana. Il travaille à Agbogbloshie, dans la plus grande décharge de déchets électroniques d’Afrique. Son métier consiste à fouiller les déchets pour y dégoter des ordinateurs ou des téléviseurs et en récupérer les composants intégrant des métaux, raconte Radio Netherlands Worldwide dans une série de reportages sur les déchets en Afrique.
Les unités centrales se composent, en effet, de cuivre, de laiton et d’aluminium. Harum peut ainsi gagner entre 58 et 70 euros par semaine avec la vente de ces métaux qu'il récupère. Même s‘il lui arrive d’acheter des ordinateurs à des particuliers qui souhaitent s'en débarrasser, il est toujours gagnant car il les paye rarement plus de 1,4 euros.
Le problème, c'est que pour récupérer ces métaux, Harum et ses collègues doivent brûler les ordinateurs et inhalent les gaz toxiques qui s'en échappent. Sans compter qu’ils travaillent au milieu de détritus où le sol et l’eau sont pollués par de substances toxiques comme le mercure et le plomb.
Selon le Centre sur les politiques internationales des TIC d’Afrique du Centre et de l’Ouest, ces travailleurs sont exposés à des doses de plomb ou de phtalates jusqu’à cent fois supérieures aux normes généralement admises:
«La plupart des produits chimiques diffusés sont hautement toxiques, certains pourraient affecter le système reproducteur des enfants, tandis que d’autres peuvent avoir des conséquences sur le développement du cerveau et sur le système nerveux», explique le docteur Kevin Bridgen, membre de Greenpeace.
En réalité, tous ces déchets électroniques viennent principalement d’Europe et des Etats-Unis. Censés réduire la fracture numérique, ils sont envoyés en Afrique. Mais arrivés sur place, les trois quarts des appareils s'avèrent défectueux et atterrissent à la décharge d’Agbobloshie, rapporte Arte. Pourtant, la plupart des pays qui envoient leur matériel informatique ont signé la convention de Bâle, qui interdit ces pratiques depuis 1992.
Les jeunes qui travaillent dans les décharges sont généralement conscients des risques sanitaires. Les agents de la Mission nationale de la gestion de l’environnement viennent sur place leur expliquer le dangerosité des déchets. Mais pauvres, ils ont dû quitter l’école tôt et n’ont pas d’alternative:
«Nous sommes satisfaits de ce que nous faisons, revendique Harum. Aucun de nous n’est encore décédé [...] La seule option que nous ayons est de mourir de faim aujourd’hui, ou bien de quelque maladie que ce soit, à cause de notre travail, demain», reconnaît Goeffrey Wamanga un autre travailleur.
Lu sur Radio Netherlands Worldwide