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Turquie: l'islamisme modéré n'est qu'un mythe
Pour la blogueuse égyptienne Nervana Mahmoud, le mythe de l'islamisme modéré s'est écroulé en Turquie.
Les pays érigés en modèle révèlent parfois leur vrai visage. Ce serait aujourd'hui le cas de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, élevée au rang de démocratie islamiste modérée.
Pourtant, face aux manifestants de la place Taksim, poumon de la contestation stambouliote, le gouvernement Erdogan ne plie pas, organise des meetings, et menace ceux qui osent le défier dans la rue.
Le bras de fer, engagé depuis fin mai, a terni l'image idéaliste de l'islamiste modéré Erdogan. Tant chez les Occidentaux que dans le monde arabe, écrit la blogueuse Nervana Mahmoud dans les colonnes du Daily News Egypt.
La brutalité policière a rappelé de mauvais souvenirs aux Egyptiens. La réponse du gouvernement a démontré que même des «islamistes modérés» ont de fortes tendances autocratiques.
Plus tôt dans la semaine, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, aurait dit au secrétaire d'Etat américain John Kerry:
«La Turquie n'est pas une démocratie de seconde classe.»
«En effet, la Turquie est une démocratie bien établie depuis les années 1950, mais est-elle toujours une démocratie de première classe? C'est discutable», juge la blogueuse égyptienne.
Nervana Mahmoud craint que le ministre Erdogan continue d'écouter ses partisans sans considérer les aspirations de la jeunesse en colère. Cet autisme ne fera que polariser un peu plus la société turque.
«Les musulmans méritent une démocratie de première classe, une démocratie libérale.»
C'est l'enjeu des manifestations qui ébranlent le ministre Erdogan et qui connaissent ce mardi 11 juin une forte accélération.
Parce qu'elle a une haute vision de la démocratie et une ambition pour le monde arabe, Nervana Mahmoud plaide pour que le terme «islamiste modéré» cesse d'être utilisé pour définir la Turquie ou un pays tiers.
Lu sur Daily News Egypt
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