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Oum©Lamia Lahbabi
Oum©Lamia Lahbabi

Oum, l'inclassable chanteuse marocaine

Elle est venue présenter, à Paris, son nouvel album Soul of Morocco. Rencontre avec une artiste aux multiples facettes.

«Sa musique, c’est elle.» C’est ainsi que la chanteuse marocaine Oum,  diminutif de Oum el Ghaït «Mère de la délivrance», définit ses chansons.

Sur la scène parisienne du Petit Bain, le 29 mai dernier, la chanteuse de Casablanca a offert un spectacle innovant et audacieux devant un public conquis.

Entourée de ses musiciens, Oum joue avec les sonorités africaines, sahraouis, jazzy et touareg. Claquement de doigt, mouvement du bassin, ondulation des bras se suivent, au gré des morceaux.

Elle ne veut pas être dans un créneau, réduite à un style ou un genre vestimentaire. Oum brouille les pistes. En début de soirée, elle recouvre sa tête d'un melhfa, un tissu africain coloré qui ne se coud pas. Plus tard, elle libère sa chevelure luxuriante. Pour la chanteuse, ce tissu porté par les Sahraouis, symbolise la liberté, le nomadisme. Un objet qui se change à l’infinie, comme sa musique finalement:

«La langue arabe offre la liberté de jouer avec les sonorités. Il m’arrive d’introduire des mots qui ne sont plus usités aujourd’hui.»

 

Cet amour de la langue, Oum la doit notamment à ces soirées où, petites, elle n’arrivait pas à s’endormir. Intervenait alors son grand-père. Il lui contait des histoires. Une tradition orale que les Sahraouis perpétue dans le désert.  De là est né un engagement, celui de ne pas oublier les racines poétiques et populaires de ses ancêtres.

Si Oum confie chanter le Maroc  tel qu’elle le ressent, elle n’oublie pas sa dimension plurielle, fruit d’un enchevêtrement d’influences multiples au cours de l’histoire. Pour elle, «le retour aux sources a été progressif. Un long cheminement»

Sur scène, la chanteuse de 34 ans arbore des parures traditionnelles, des sarouels, des robes composées, des tissus brillants. Les sens prennent une grande place dans sa musique, mais également dans la vie.

«Les mots rencontrent les sens. Et ma musique parle des émotions, qui appellent tous nos sens», confie la chanteuse.

 

C’est une rencontre, il y a six ans, qui a bouleversé la trajectoire artistique de Oum el Ghaït. Une heureuse rencontre avec Halim et Ibrahim, deux frères  sahraouis érudits qui habitent dans le sud marocain, à Mhamid el Ghizlan. Ils l’ont très vite adoptée, invitée à boire le thé, à veiller autour du feu avec d’autres musiciens.

C'est dans ce même désert marocain, aux portes de la ville, que la chanteuse avait choisi en novembre 2012 de dévoiler son nouvel album Soul of Morocco. Après Lik'Oum (2009) et Sweerty (2012), Oum entame une nouvelle aventure avec son album Soul of Morroco sorti le 23 avril dernier. Porté par un quatuor acoustique bariolé, Oum détonne.

Nadéra Bouazza
 

 

Nadéra Bouazza

Nadéra Bouazza. Journaliste à Slate Afrique

Ses derniers articles: Dessine-moi un immigré  Une (re)naissance dans la douleur  Pourquoi l'Egypte n'aurait pas dû briser les sit-in pro-Morsi 

Oum

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