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Tunisie, le retour de la censure?
La mobilisation grandit autour du cas de Samir Feriani, officier de police arrêté le 29 mai 2011. Le policier, rappelle Afrik.com, avait dénoncé dans une lettre au ministre de l’Intérieur Habib Essid les agissements de l’Agence de renseignements de Tunisie et du ministère de l’Intérieur durant les manifestations du début d'année qui ont mené à la chute du président Ben Ali, reprochant à certains d’avoir laissé tuer des protestataires sans être inquiétés. Il avait également critiqué la corruption au sein du ministère de l’Intérieur et la destruction de dossiers sensibles de la période Ben Ali.
Une manifestation de soutien a été organisée dimanche 12 juin avenue Bourguiba, à Tunis, par l’association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT) et l'ONG Human Rights Watch (HRW). Selon Cibletrade, elle a réuni la famille de l’officier ainsi que des internautes ayant répondu à l’appel lancé, entre autres, sur Facebook.
Mardi 14 juin, Anonymous leur emboîte le pas. Dans une vidéo postée sur le site Tunisie Numérique, cette communauté d'activistes spécialisés dans l'attaque de sites Web lance un avertissement au gouvernement provisire. Rappelant que le peuple tunisien, et particulièrement les familles des personnes torturées, «ont le droit à la vérité sur le régime de Ben Ali», Anonymous prévient que si le gouvernement ne change pas de position, «de plus en plus d’associations et de groupes vont rallier l’appel de Human Rights Watch».
Ils rappellent:
«La violation de la liberté d’expression et de l’information de ses citoyens ne sera pas tolérée. Les attaques continueront jusqu’à ce que le gouvernement tunisien respecte les droits de ses citoyens à la liberté d’expression et de l’information et arrête la censure de l’Internet.»
Samir Feriani avait également pointé du doigt la répression menée à l’encontre de sites Web jugés trop critiques à l’égard de l’armée. La réapparition de la censure d’Internet, évoquée par Afrik.com, a donné lieu à la fermeture récente de plusieurs pages Web à la demande de l’armée et à la démission, en signe de protestation, du secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, Slim Amamou, également blogueur et activiste politique.
Feriani est accusé devant le tribunal militaire, en vertu du code pénal, de porter atteinte «à la sécurité extérieure de l’Etat» et de répandre des «informations susceptibles de nuire à l’ordre public», toujours selon Afrik.com.
«En le détenant, les autorités découragent d’autres personnes qui voudraient alerter l’opinion, et révèlent à quel point il est urgent, pour la Tunisie post-Ben Ali, d’amender ses lois répressives, en particulier celles qui prévoient des peines de prison pour des délits liés à la liberté d’expression», souligne Sarah Leah Whitson, directrice de la division Afrique du Nord de HRW.
Lu sur Tunisie Numérique, Afrik.com, Cibletrade