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Les rebelles libyens sont-ils américanophiles?

Malgré les critiques d’ingérence et la théorie du choc des civilisations qui pèsent sur les rapports entre les pays arabes et les Etats-Unis, la culture pop américaine n’a pas de frontières selon un reportage du Los Angeles Times à Benghazi.

Le journaliste américain suit un révolutionnaire, Omar El Keish, embarqué dans un convoi de rebelles muni du drapeau américain. Le rebelle de 57 ans justifie son curieux fétiche par sa passion pour la culture américaine assez répandue auprès des insurgés:

«Les Libyens adorent le drapeau américain parce qu’il symbolise la liberté et la démocratie exactement ce qu’ils veulent pour la Libye ».

La popularité des Etats-Unis auprès de la rébellion libyenne semble être le résultat selon le journaliste, du soutien des Etats-Unis et de l’Otan depuis le début des révoltes libyennes.

Les rebelles qui sont à la fois des jeunes, d’anciens soldats, des mécaniciens, des marchands, mais aussi des émigrés revenus pour aider leur pays, manifestent leur reconnaissance par une admiration et une appropriation de certains symboles culturels.

Si beaucoup se lancent dans les combats sans être expérimentés ou formés, leur détermination est souvent animée par un esprit guerrier et patriotique. Il se servent aussi du drapeau américain et de ses avatars comme symboles anti-Kadhafi dans les graffitis et dans leurs slogans.

La reconnaissance du Conseil national de transition (CNT) par les Etats-Unis le 15 juillet 2011 est un des éléments qui a renforcé la crédibilité des rebelles face à la communauté internationale, favorisant le lien entre le continent et les révolutionnaires. Les autres pays qui ont apporté leur soutien, comme le Qatar et la France, ne sont pas en reste. Les couleurs du drapeau tricolore sont parfois visibles sur les camions des rebelles mélangées à celles des drapeaux qatari et libyen. Les objets de la consommation américaine attisent aussi les convoitises comme l’Iphone ou les baskets Nike ainsi que les shows de la chaîne MTV.

Reste à savoir si cette «fascination» est une simple réponse à l’intervention américaine et si ce «softpower» perdurera après la révolution libyenne.

Bien que la rébellion continue à avancer, les frappes militaires de l’Otan suscitent la polémique. Le soutien des Etats-Unis s'est avéré plus limité que ne l'espéraient les insurgés. La frustration croissante de certains rebelles face à la politique en retrait des Etats-Unis pourrait aussi effacer bien vite l’engouement pour le rêve américain.

Lu sur Los Angeles Times