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Kadhafi et la France: génèse d'une diplomatie armée jusqu'aux dents

Peu après l’arrivée de Mouammar Kadhafi au pouvoir le 1er septembre 1969 par un coup d’Etat, les relations entre le France et le colonel Kadhafi prirent une tournure sulfureuse.

Car le jeune colonel voulait des armes. Sollicitation à laquelle la France, en la personne du président Pompidou lui-même, décida de dire oui, indiquait le 9 juin 2011 le magazine français Lesinfos.com. La requête portait sur des avions Mirage, le nec plus ultra de la technologie française militaire.

Seulement, la nouvelle du contrat entre les deux nations filtra rapidement sous l’impulsion des services secrets israéliens. A cette époque, Israël était sous le coup d’un embargo de la France sur les ventes de Mirage, une décision prise par le général de Gaulle après la guerre des Six Jours. Face à ces fuites, le gouvernement français n’eut d’autres choix que de confirmer la transaction.

Cependant, le contrat présenté en janvier 1970 ne fût pas tout à fait fidèle à son contenu réel. D'abord, ce sont 110 avions qui avaient été négociés, au lieu des 50 annoncés. Ensuite, le contrat contenait également la vente d’hélicoptères, de missiles air-air Matra 550, de bombes Matra, de missiles de défense antiaérienne et de radars de surveillance aérienne. Enfin, la livraison de la totalité des 110 Mirage est intervenue dès juillet 1970, alors que l’Elysée et le quai d’Orsay soutenaient qu’aucune livraison n’aurait lieu cette année-là et qu'elles seraient étalées sur deux ans.

A l'époque, l’annonce du contrat avait provoqué la suspicion et l’inquiétude. Chez Israël d’abord, qui soupçonna que les Mirage ne soient prêtés par la Libye à l’Egypte pour attaquer Israël. Malgré les dénégations de la France, c'est ce qui se produit. Chez les Américains ensuite, qui craignaient une prolifération des armes dans la région. Pourtant, face à ce tollé (Pompidou fût même molesté par des manifestants juifs en colère lors d’une visite officielle à Chicago en mars 1970), les transactions entre les deux pays se sont poursuivies. En 1973, la France déroula le tapis rouge au colonel libyen. Et pas qu'en 1973, d’ailleurs.

Lu sur Lesinfos.com