mis à jour le
La presse soudanaise toujours bâillonnée
L’indépendance du Soudan du Sud ne semble pas avoir fait les affaires de la presse soudanaise. Reporters sans frontières (RSF) a publié un rapport alarmant sur la «lente détérioration de la liberté de la presse au Soudan».
En plus des nombreux journalistes «harcelés» par les autorités, certains quotidiens soudanais sont victimes d’une censure souvent injustifiée.
Dans le contexte des révolutions arabes et de l’indépendance du Soudan du Sud officialisée le 9 juillet, la liberté d’expression a sérieusement été restreinte.
«Les informations sont contrôlées, les médias surveillés, les journalistes harcelés par les forces de sécurité. La communauté internationale doit dénoncer avec davantage de force cette tendance grave et obtenir de Khartoum un engagement à respecter la liberté de la presse.»
Le classement 2010 de RSF sur la liberté de la presse n’était déjà pas tendre avec le gouvernement de Khartoum (172e sur 178 pays). Nul doute que les derniers événements recensés dans le pays ne vont rien arranger.
Le 7 août 2011, les forces de sécurité soudanaises (NISS) ont confisqué «l’intégralité des exemplaires du quotidien arabophone Al-Ahdath» qui publiait une série d’article sur le terroriste vénézuélien Carlos, capturé en 1994 dans la capitale soudanaise (Les jours de Carlos à Khartoum). Ce n’est pas la première fois qu’un tel événement se produit: les journaux Ajras Al-Hurriya et Al-Midan avaient subi le même sort quelques temps auparavant.
RSF cite le nom de huit journalistes en attente de jugement ou sous le coup d’une enquête judiciaire pour avoir relaté des cas d’abus commis par les forces de sécurité du régime. Une véritable «campagne de harcèlement» qui vise à «décourager les journalistes de révéler les violations des droits de l’homme par les forces de sécurité».
Un autre problème s’est posé au moment de la scission entre le Nord et le Sud du Soudan. Selon la loi soudanaise de la presse (2009), seuls les citoyens du Nord sont en droit de posséder des journaux. C'est sur ce fondement que des journaux tenus par des Sudistes habitant dans le Nord ont été retirés de la vente.
«Le Conseil national de la presse et des publications (National Press and Publication Council) a suspendu définitivement et annoncé qu’il retirait les licences légales de six journaux appartenant partiellement, et bien souvent minoritairement, à des citoyens Sud-Soudanais.»
RSF voit cette opération comme un moyen de museler les voix dissidentes au régime autoritaire d’Omar el-Béchir.
Lu sur Reporters sans frontières