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Tunisie - Polémique autour du taux de pauvreté
Le 28 mai 2011, le ministère tunisien des Affaires sociales estimait le taux de pauvreté de la Tunisie à 24,7%. Un pourcentage qui semble important pour un pays qui compte près de 11 millions d’habitants —et qui fait polémique dans les milieux économiques, rapporte Babnet.
Pour déterminer le taux de pauvreté en Tunisie, les Affaires sociales et son ministre actuel, Mohamed Ennaceur ont adopté la méthodologie de la Banque mondiale. Celle-ci considère deux lignes distinctes d’appréciation de la pauvreté: la ligne de «pauvreté extrême» et la ligne de «pauvreté supérieure».
La ligne de pauvreté extrême tient compte de l’évaluation du coût des calories dont une personne a besoin chaque jour pour vivre, tandis que la pauvreté supérieure considère le niveau de dépenses en produits non alimentaires. La récente enquête vient de démontrer que 11,5% de la population, soit environ 1,2 millions de Tunisiens, vivent sous le seuil de pauvreté supérieure.
Mais les universitaires et économistes protestent contre cette méthode de calcul qui, affirment-ils, ne prend en compte que certaines catégories sociales de la population tunisienne. Ces spécialistes estiment que le système adopté ne correspond pas «aux standards scientifiques».
La démarche du ministère des Affaires sociales ne tient effectivement pas compte de l’évolution des revenus de ces familles vivant dans la précarité, des revenus qui varient et ne peuvent être appréciés sur un laps de temps défini. L’estimation se fonde sur le pourcentage de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour (1,37 euro ou 2,75 dinars). D’autres pays comme le Maroc (pauvreté supérieure à 13%) et l’Egypte (18%) ont officiellement adopté ce mode de calcul.
En dehors des listes de familles qui perçoivent des allocations de la caisse de Sécurité sociale ou d'allocations inférieures au salaire minimum garanti, le ministère a également tenu compte des familles qui bénéficient de cartes de soins à frais réduits, dont le revenu n'excède pas le salaire minimum.
L’Institut national de la statistique tunisien (INS) estime, quant à lui, que les familles profitant d'indemnités, d'allocations vieillesse ou d’autres programmes sociaux ne peuvent pas être considérés comme des familles pauvres selon le programme en vigueur dans toutes les études scientifiques internationales.
Lu sur Babnet