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Tunisie - Affrontements sanglants à Metlaoui

Alors que la confiance entre les Tunisiens s’effrite un peu plus chaque jour, les événements récents survenus au cœur de la Tunisie, à Metlaoui, laissent pressentir le risque de voir resurgir le tribalisme comme substitut à la loi.

La petite ville tunisienne située au centre ouest du pays, à quelques kilomètres de Gafsa, vient de vivre l’un des épisodes les plus sanglants du feuilleton révolutionnaire tunisien. A l’origine de ces affrontements violents à la limite de la barbarie —et qui selon l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP) ont fait 11 morts et une centaine de blessés— une guerre tribale liée à l’emploi autour de l’exploitation régionale de phosphate, dont certains dénoncent la politique de recrutement à deux vitesses.

Depuis le vendredi 3 juin des combats ont lieu entre les habitants, combats auxquels se sont mêlés des groupes étrangers à la ville de Metlaoui. Empêchés par des barricades, les militaires et policiers appelés au secours par des habitants le dimanche 5 juin n’ont pas pu s'introduire dans la ville et intervenir suffisamment rapidement.

Un couvre-feu de 16 heures à 6 heures avait été décrété à cause du nombre croissant de victimes et les dégâts matériels occasionnés —des bulldozers ont servi à détruire des maisons, des incendies et des pillages de commerce ont eu lieu. D’après TAP, 87 personnes ont été arrêtées alors qu’elles tentaient de s’introduire dans des propriétés privées. A ce jour, le 8 juin 2011, 105 personnes ont été interpellées.

Parmi celles-ci, plusieurs étaient en possession de kilos de munitions, d’armes blanches, de sabres ou de fusils de chasse. Des membres de la police et de l’armée ont par ailleurs été arrêtées mardi 7 juin, et 18 d'entre eux sont à ce jour soupçonnés d’avoir participé aux actes de violence. Plusieurs cadres du parti du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti de Ben Ali, font partie des interpellés.

Les organisations syndicales tunisiennes, l’Union générale tunisienne du Travail (UGTT) et la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT), se sont exprimées au sujet de ces violences et ont appelé les habitants «à surmonter toutes les divergences et calculs étroits et à placer l'intérêt supérieur de la Tunisie au-dessus de toute autre considération».

Lundi 6 juin, plusieurs partis politiques ont condamné les événements de Metlaoui. Le représentant du ministère de la Justice a fait savoir qu’une enquête a été ouverte et que le procureur et le juge d’instruction de Gafsa (dont Metlaoui est sous le protectorat) se sont rendus sur place.  

Lu sur Agence Tunis Afrique Presse