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Amina, souffre-douleur de la justice tunisienne?
La première Femen de Tunisie reste en détention et encourt entre 6 et 12 ans de prison.
Le cas d’Amina Tyler, première Femen tunisienne, s’aggrave. Son procès ne fait que commencer et elle pourrait risquer jusqu’à 12 ans de prison, affirme Jeune Afrique.
De son vrai nom Amina Sboui, cette jeune activiste de 18 ans est connue de tout le pays. En fuite depuis le scandale causé par la publication de photos de ses seins dénudés sur la Toile, la jeune femme est arrêtée le 19 mai 2013 à Kairouan alors qu’elle taguait le mot «Femen» sur le muret d’un cimetière. Elle comparaît au Tribunal de Première Instance de Kairouan le 30 mai et écope de 300 dinars d’amende (environ 150 euros) pour port prohibé de bombe lacrymogène, rapporte l’article.
Mais le verdict n’est pas définitif, explique Jeune Afrique. Un des avocats de l’accusation, Hamed El Maghrebi, souhaite que les charges contre Amina soient alourdies car la jeune femme a tenté de «semer le trouble et la sédition». La militante est renvoyée en détention jusqu’au 5 juin prochain, date à laquelle elle sera de nouveau entendue. Elle est désormais poursuivie pour atteinte aux bonnes mœurs et profanation de cimetière, délits passibles de six mois et deux ans de prison. Mais c’est surtout l’inculpation pour «association de malfaiteurs» qui inquiète sa famille et les Femen: le Code Pénal prévoit pour cette section des sanctions très lourdes, allant de 6 à 12 ans de prison.
Anti contre pro-Amina
Pendant le procès, une foule d’habitants accompagnée d’une dizaine de militants salafistes d’Ansar Al-Charia ont défilé devant le palais de justice de Kairouan pour réclamer l’application de la loi islamiste à l’égard d’Amina. Leila ben Debba, l’une des avocates d’Amina connue pour avoir défendu Chokri Belaïd et pour ses prises de position anti-salafistes , affirme avoir été agressée à son arrivée au tribunal selon France 24.
Lors d’un entretien accordé à l’AFP fin avril, Amina avait reconnu être dépressive tout en revendiquant une action mûrement réfléchie, indique Jeune Afrique. Son père, Mounir Sboui, s’est dit «fier» de l’engagement de sa fille et selon l’AFP, elle a également reçu le soutien de Henda Hendoud, journaliste et féministe tunisienne.
Les trois Femen européennes arrêtées à Tunis le 29 mai 2013 lors d’une manifestation de soutien seins nus sont également en détention. Elles seront jugées le 5 juin pour «outrage public à la pudeur» et «atteinte aux bonnes moeurs ou à la morale publique», deux infractions passibles de six mois de prison ferme, indique l'AFP.
Lu sur Jeune Afrique, AFP et France 24