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Les Malawites chassent les sorcières

Les histoires de sorcières résistent au Malawi. En cas de décès inexpliqué ou de maladie, c’est l’explication invoquée. Cinquante personnes sont à ce jour encore enfermées pour sorcellerie dans les prisons du pays. Les accusés sont le plus souvent des femmes, âgées.

La semaine dernière, la plus vieille d'entre elles enfermée pour ce motif a été libérée, rapporte The Maravi Post. Namakhalepo Kamphata, 83 ans, elle est sortie de la prison de Maulan à Linlongwe après 3 ans derrière les barreaux.

«J’ai prié chaque jour. Cela m’a donné de la force et j’ai pardonné mes accusateurs.»

Pauvre et âgée, elle n’avait pas eu les moyens de payer l’amende de 33 dollars (22,5 euros) à laquelle elle était condamnée. Une somme importante au Malawi où près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. Elle était accusée d’avoir ensorcellé un enfant ayant soudainement trouvé la mort. Son neveu de 62 ans, accusé en même temps qu’elle, est mort en prison.

L’Association for Secular Humanism (ASH) a été créée l’an dernier pour venir en aide à ces femmes. Pour la sortie de prison de Kamphata, l’association a récolté des fonds pour lui permettre de vivre correctement. L’association a par ailleurs permis la libération de 3 autres dames âgées respectivement de 80,7 2 et 62 ans elles aussi présumées sorcières.

Le directeur de l'ASH George Thindwa a lui-même mis fin récemment à une chasse aux sorcières organisée dans un village à 15 kilomètres de Lilongwe, la capitale malawite, en prévenant la police. Dix personnes suspectées de sorcellerie ont été aussitôt libérées par la police, et huit des instigateurs de cette chasse ont été arrêtés.

Pourtant, au Malawi, rien ne condamne la sorcellerie. Au contraire: une loi de 1911 issue de la période de la colonisation britannique rend illégal d’accuser quelqu’un de pratiquer la sorcellerie, indique le Mail&Guardian. Dans les faits, les choses s’inversent: sous l’accusation d’atteinte à l’ordre public, les présumés sorcier(e)s sont jeté(e)s en prison.

Si la plupart des accusés nient les faits, Medson Gibson Kachilika, lui, revendiquait devant la Cour son statut de sorcier:

«Je suis sorcier et j'enseigne aux autres la sorcellerie. Je suis libre de croire que j'ai le pouvoir de la pratiquer.»

Sous la pression populaire, le gouvernement malawite a fini par mettre en place un comité destiné à modifier la loi et criminaliser la sorcellerie.

Lu sur The Maravi Post, Mail&Guardian