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La crise malgache ne se résout pas au Botswana

En convoquant onze partis et formations politiques malgaches à son siège de Gaborone (Botswana) les 6 et 7 juin 2011, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a peu de chances de trouver une issue à la longue crise politique à Madagascar. Depuis le coup d’Etat du 17 mars 2009, Andry Rajoelina dirige la Haute Autorité de la Transition (HAT) et Madagascar est sanctionnée par la communauté internationale.

Faisant office de médiateur international, la SADC a multiplié les échecs, remettant sa crédibilité en question. Son sommet extraordinaire à Windhoek, le 20 mai, a été lamentablement marqué par l’inaction sur tous les dossiers à l’ordre du jour, dont le Zimbabwe et Madagascar.

«Encore un sommet pour rien», lance l’éditorialiste de Madagascar-Tribune à propos de la réunion de Gaborone, où plus d’une centaine d’hommes politiques malgaches ont fait le déplacement. En fait, les pro-HAT, qui acceptent le pouvoir d’Andry Rajoelina, y sont numériquement plus nombreux que les anti-HAT, réunis autour des trois anciens présidents et leurs partisans.

«Le déséquilibre flagrant entre pro-Rajoelina et opposition à Gaborone ne reflète pas la réalité sur le terrain, mais est finalement assez conforme aux tentatives du régime de transition de faire croire depuis deux ans que c’est la majorité du peuple malgache qui avait souhaité sa venue au pouvoir.»

De son côté, Andry Rajoelina attend toujours une reconnaissance internationale qui lui fait défaut. Lors d’une déclaration à la presse à son départ d’Antananarivo, il en a profité pour tacler l’opposition. «Il est temps pour les trois anciens présidents de demander clémence au peuple malgache», a-t-il déclaré, cité par l’Express de Madagascar.

Le jeune président de la HAT n’a pas l’intention de négocier:

«Notre position est claire: nous attendons l’officialisation de la feuille de route que nous avons commencé à mettre en œuvre. Chacun peut toujours rêver. La paraphe est déjà faite. On attend la signature du document.»

Entérinée par les partis pro-HAT, cette feuille de route de sortie de crise lui accorde toute latitude pour diriger la transition et se présenter à l’élection présidentielle —ce que refuse l’opposition. Le problème pour la SADC est que ladite feuille est l’œuvre de son émissaire Leonardo Simao. Loin de rassembler, elle a plutôt renforcé les clivages à Madagascar. Et l’éditorialiste de Madagascar-Tribune d’annoncer l’échec prévisible de Gaborone.

Mais «La grande question est de savoir comment réagira la SADC face à l'absence d'accord», indique La Gazette de la Grande Île:

«Première possibilité, la SADC autorise quand même l'application de la feuille de route et cautionne les élections qui y sont programmées. Deuxième possibilité, de crainte de donner un mauvais signal à l'Afrique en accordant les pleins pouvoirs à un "putschiste" et en cautionnant des élections organisées par celui-ci pour légitimer son pouvoir, la SADC décrète le statu quo. C'est-à-dire la situation actuelle est prolongée (non reconnaissance du régime et maintien des sanctions), la SADC attendant un élément nouveau pouvant transformer la donne avant d'organiser d'autres négociations.»

Lu sur Madagascar-Tribune, L'Express de Madagascar, La Gazette de la Grande Île