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Le Conseil français du culte musulman se «marocanise»

Faut-il revoir le mode de scrutin de l'élection des instances régionales du Conseil français du culte musulman (CFCM)?

Depuis son institutionnalisation en 2003 par le ministre de l'Intérieur de l'époque Nicolas Sarkozy, c'est la plus grande crise que traverse le Conseil. De nombreuses voix s’insurgent contre un mode de scrutin qui, selon le CFCM, ne respecte pas la représentativité sur le territoire français et reste établi sur une logique absurde de superficie des mosquées: plus il y a de mètres carrés de mosquées, plus il y a de représentants au conseil...

En l’absence d’adversaire, le Rassemblement des musulmans de France (RMF) (pro-marocain) était largement favori pour le renouvellement des instances régionales du CFCM ce dimanche 5 juin 2011, n'étant pourtant pas l'un des membres fondateurs du Conseil du point de vue statutaire.

Avec 62% des voix et un taux de participation de 87,35%, la victoire du RMF (avec son candidat Benaïssa Chana) était, d'après le site Aufait Maroc, prévisible dans le sens où deux des principaux courants, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), et la Fédération de la Grande Mosquée de Paris (GMP) (proche de l’Algérie) avaient appelé à boycotter le scrutin.

Une division entre les courants pro-marocain et pro-algérien, superposés à la démission «pour cause de divergences» du président de l’UOIF Fouad Alaoui (annoncée ce dimanche 5 juin 2011, remplacé par le théologien d'origine tunisienne Ahmed Jaballah) sont à l'origine des troubles autour de cette élection.

Le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur s’était par ailleurs opposé au vote, mettant en cause le mode de représentativité des mouvements. A titre d'exemple, la plus grande fédération musulmane turque, Milli Görus, ne figure pas au sein du CFCM.

Le trésorier du Conseil depuis 2008, Okacha Ben Ahmed, rapporte sa déception quant à la rivalité entre algériens et marocains:

«C'est une confrontation algéro-marocaine qui se dessine et le plus grand perdant, c'est l'islam de France. Ce sera un CFCM purement marocain-turc, il n'y aura pas la mosquée de Paris, pas la mosquée de Lyon... ce ne sera pas un conseil représentatif.»

Le 19 juin 2011, les conseils régionaux, votés lors de ces élections de dimanche 5 juin 2011 et réunis en assemblée générale, éliront à leur tour le bureau exécutif et le conseil d’administration du CFCM, lequel choisira le nouveau président.

Jusqu’ici, le Conseil était présidé par Mohammed Moussaoui, qui a fait savoir qu’il serait candidat à sa propre succession. Mais fort du raz-de-marée du parti marocain RMF, Benaïssa Chana, 49 ans, vice-président sortant du Conseil régional du culte musulman (CRCM), est pressenti pour être le prochain président du CFCM.

«Nous allons œuvrer pour l’intérêt général des musulmans de France», a-t-il déclaré à la suite du vote des instances régionales.

L’islam est la deuxième religion de France, et bien que son rôle et ses actions soient sévèrement critiqués ou bien jugés trop discrets, le CFCM reste l’instance représentative des millions de musulmans résidents sur le territoire.

Lu sur Aufait Maroc, CFCM.tv, La Dépêche,