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Egypte – La vérité sur les coupures Internet
Le 25 janvier 2011, lors des manifestations qui ont amené la chute du régime Moubarak, les services de téléphonie et d’Internet ont été interrompus pendant 5 jours en Egypte. Le tribunal administratif du Caire a condamné à ce propos samedi 28 mai l’ancien président Hosni Moubarak, l’ex-Premier ministre Ahmad Nazif et l’ex-ministre de l’Intérieur Habib el-Adli, rapporte le journal égyptien Ahramonline. Ils vont devoir payer une amende de 90 millions de dollars (62 millions d’euros) pour leur rôle dans ces coupures de communications, indique Afrique en ligne.
La plainte a été lancée par le Centre égyptien pour les droits au logement au nom d’autres plaignants à l’encontre des trois compagnies de télécommunication opérant en Egypte (Vodafone, Mobinil, Etisalat) et d’un certain nombre d’officiels du pays. Il s'agissait d’obtenir une compensation pour les pertes subies —ces dernières étaient estimées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en février dernier à 3 à 4% du PIB.
Ahramonline a pu se procurer le jugement du tribunal, où l'on y découvre que ces coupures n’avaient rien de spontané. L’interruption des communications du pays étaient en fait le résultat d’un système de blocage organisé par Moubarak et ses deux ex-ministres dès avril 2008. En association avec les 3 principaux opérateurs égyptiens et les fournisseurs d’accès, il a réalisé une série d’expérimentations pour limiter les connections. La première est intervenue en avril 2008 alors que la seconde s’est déroulée en octobre 2010, 3 mois avant la révolution égyptienne.
Selon le jugement, ils cherchaient à «tester les coupures de connexions Internet, à bloquer certains sites Internet». Ils intégraient même un plan pour collecter des informations sur les usagers et leurs mots de passe. L’objectif de ces tests visait également à bloquer les communications dans des régions particulières et d’empêcher l’entrée des SMS venant de l’étranger. Le jugement contredit l’argument avancé par les compagnies de télécommunications qui prétendaient que les termes de leur licence ne leur laissaient pas d’autres options que de répondre favorablement aux demandes du gouvernement.
Lors de la période incriminée, il a été demandé aux opérateurs, et ce dès le 25 janvier, de couper les appels téléphoniques et messages écrits dans la zone du Caire et de ses environs. Le 27 janvier, cette demande était étendue à quatre régions: Le Caire, Alexandrie, Suez et Mansourah. Le 28 janvier, la totalité des services Internet et Blackberry était interrompue. L’ordre de de remise en route est intervenu le 29 janvier à 9h30.
Lu sur Ahramonline, Afrique en ligne