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Les cerveaux africains rentrent au pays
Les flux migratoires entre l’Afrique et les autres continents sont le plus souvent évoqués à travers les migrations Sud-Nord, c’est-à-dire l’expatriation des Africains vers l’Occident. Mais aujourd'hui, certains de ces émigrés finissent par revenir au bercail. C'est la nouvelle «génération des rapatriés» africains, dont le magazine américain Time dresse un portrait.
Papa Madiaw Ndiaye, 45 ans et Patrice Backer, 44 ans, incarnent ce retour des «cerveaux». Après des études à l’université américaine d’Harvard et un passage par la banque d’investissement J.P. Morgan, ils ont décidé de revenir s'installer en Afrique et surtout d'y investir. Une décision qu’ils ne regrettent pas:
«Il n’y a pas de concurrence. Si vous savez ce que vous faites, c’est le gros lot», explique Ndiaye.
Sur un continent où tout ou presque reste à faire, les deux acolytes d’Harvard ont saisi leur chance de pionner en investissant dans une banque au Tchad.
Selon Time Magazine, ils sont de plus en plus nombreux à revenir sur le continent après avoir vécu, étudié et travaillé en Occident. Ils le font parfois au détriment d’un poste à Wall Street ou La City, les grandes places financières de New York et Londres.
Cette tendance, contre-pied à l’idée d’une fuite des cerveaux africains, s'explique par la crise économique de 2008 et la hausse du prix des matières premières, analyse le Time. Car avec la première, ils sont nombreux à s'être retrouvés au chômage en Europe ou aux Etats-Unis. Mais ils ont aussi vu une possibilité de croissance pour l'Afrique dans la hausse des matières premières, et d'évolution rapide de leur métier.
Les rapatriés ont ainsi souvent le même profil: ils retournent en Afrique à la trentaine, avec l'envie que leur carrière, qui stagne en Europe et aux Etats-Unis, évolue, explique le directeur du Boston Consulting Group, cabinet international de conseil en stratégie, dont la filiale marocaine a l’habitude de recruter des jeunes africains venus d’Occident.
Papa Madiaw Ndiaye et Patrice Backer se sont également lancé un autre défi: repérer les jeunes qui voudraient suivre leur exemple. La conférence annuelle de la Banque africaine de développement leur fournit une occasion d’aller à leur rencontre. Les aînés essaient de leur montrer les opportunités du continent africain, tout en leur rappelant qu’il faut garder la tête froide:
«Je leur explique que ce n’est pas pour autant qu’il y aura quelqu’un qui les attendra à l’aéroport en leur disant: "Oh, vous venez d’Harvard? Quel poste ministériel voulez-vous?"», plaisante Ndiaye.
Lu sur Time Magazine