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Il ne faut pas pleurer Mandela, mais lui dire merci
Que peut-on dire qui n'ait déjà été dit sur l'icône de la lutte anti-apartheid? Ôde à un héros du XXe siècle.
Nelson Mandela vient de nous quitter. Ce n’est pas une surprise. Nous étions prêts. Pourtant, notre gorge se serre. Que dire de l’homme qui a mis fin à l’apartheid?
Qui a passé 27 années de sa vie en prison, sans en garder rancune? Qui a toujours défendu la démocratie et les droits de l’homme? Qui s’est engagé dans la lutte contre le sida? Un grand homme. Une icône.
Si un sondage mondial demandait à chaque habitant de cette planète quel est l’homme qu’il admire le plus, Mandela remporterait certainement la palme. Le consensus autour du personnage est unanime.
Rien ne semble pouvoir écorner l’image de l’idole. Pas même lorsqu’on évoque son engagement auprès du bras armé du Congrès National Africain (ANC), ce qui lui aura valu de figurer sur la liste des terroristes des Etats-Unis pendant de longues années, jusqu’à son retrait tardif en 2008.
Comment lui rendre hommage? Que dire qui n’ait pas déjà été dit? D’aucuns chercheront à déterrer ses plus noirs secrets, espérant assombrir l’image de l’ancien chef d’Etat sud-africain. A déballer sur la place publique des névroses ou des failles inavouées. A lui attribuer une vie privée débridée et libertine ou encore des péchés inavouables. Un mort ne se défend pas.
Une route semée d’embûches
Il serait injuste de déclarer qu’un incroyable destin vient de s’éteindre. Ne réduisons pas la vie de Nelson Mandela à une succession de coïncidences qui ont changé l'histoire.
Ses accomplissements n'ont rien à voir avec la fortune; ils sont le fruit d'une volonté, d'une éthique et d'une abnégation hors du commun. C’est un homme qui a choisi son combat et qui a tout entrepris pour le mener à bien.
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Peu importe s’il a connu des errances, commis des erreurs ou s’il s’est parfois fourvoyé. Seuls ceux qui n’empruntent que des chemins déjà tout tracés ne se perdent pas en route. Madiba a créé son propre chemin, sinueux, serpentant à travers l’adversité, et beaucoup l’ont suivi, pas à pas, perdant parfois sa trace mais se retrouvant souvent grâce aux petits cailloux semés par le guide. Il y a ceux qui ont suivi un embranchement différent, qui sont arrivés ailleurs. Peu importe.
Ça n’est pas un simple sentier que Mandela a dégagé. C’est une mangrove qu’il a défrichée. Il n’était pas seul, certes. Ses compagnons sont souvent restés dans l’ombre. Mais il leur a certainement donné l’énergie nécessaire pour continuer de débroussailler, petit à petit, la politique et la société sud-africaine.
Figure charismatique s’il en est. Homme de foi avant tout. Foi en l’homme et en son prochain, quelle que soit la couleur de sa peau, croyance assez inédite dans l’Afrique du Sud de l’apartheid.
L’inspiration Mandela
Ne pleurons pas la mort du grand homme. Contentons-nous d’être reconnaissant de ses réussites, de ses achèvements.
De sa générosité au monde. De sa déontologie à la politique. De son honnêteté à lui-même. Retenons son visage solaire, son sourire sans fard, si emblématiques qu’ils sont devenus de véritables arguments marketing. Mais derrière le business Mandela, n’oublions pas l’intégrité Mandela.
Icône démocratique, alors que de nombreux chefs d’Etat rechignent à lâcher le pouvoir, il a insufflé l’espoir chez les opprimés. Et quand bien même certains de ces espoirs auraient été déçus, comment ne pas lui reconnaître le mérite de les avoir suscités, à un tel degré, à une telle échelle. Un homme ne peut pas tout régler seul. Il a déjà fait beaucoup.
Plus que l’admiration, espérons que votre vie, Monsieur Mandela, «père de la nation arc-en-ciel», éveille des vocations, excite l’envie et la volonté de se battre pour ce qui est juste et équitable, pour le droit et la fraternité des individus. Espérons que votre parcours nous inspire, et bien plus encore.
L.F.