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Un préfet algérien contre les églises protestantes
«Nous leur demandons de se conformer à la loi. Certains exercent leurs cultes dans des garages».
C’est en substance ce qu’a expliqué le préfet de Béjaïa pour justifier sa décision controversée: la fermeture définitive de toutes les églises protestantes.
«Nous ne sommes pas contre l’exercice des cultes autres que musulman. Nous n’avons fait qu’inviter les communautés religieuses autres que musulmane à respecter la loi», s’est justifié Ahmed Hammou Touhami, à la tête de la préfecture de Béjaïa.
L’Eglise protestante en Algérie (EPA) compte sept lieux de cultes dans la ville de Béjaïa. Le président de l’EPA, Krim Moustaphan, s’est défendu en rappelant l’intégration et l’implantation légale de sa communauté dans la région:
«Tous les locaux qu’a loués l’EPA sont normaux. Nous avons, par exemple, un local de 110 m² situé au 5e étage d’un immeuble administratif dans la ville de Béjaïa, un autre local de 250m² sis au rez-de-chaussée à Ighzerr Amokrane.»
Krim Moustaphan a par ailleurs insisté sur les démarches effectuées quant à la régularisation de leur situation auprès du gouvernement.
«Nous avons déjà été reçus l’an dernier par un responsable du ministère de l’Intérieur qui nous a demandé de tenir notre assemblée générale pour nous conformer à la loi. Nous l’avons tenue. Mais depuis, nous nous heurtons à un blocage au niveau de ce ministère.»
Le président de l’EPA, assure avoir été verbalisé en référence à un arrêté du préfet ordonnant «la fermeture définitive de toute construction attribuée ou en cours d’attribution pour l’exercice de culte autre que musulman n’ayant pas eu décision de conformité à la loi». Moustaphan Krim, qui par la suite s'est rendu au ministère des Affaires religieuses, rapporte que cette autorité «n’est pas informée de cet arrêté».
Il apparaît pourtant, selon la loi algérienne, que «les associations religieuses des cultes autres que musulman bénéficient de la protection de l’Etat».
«La loi qui était censée venir réglementer et améliorer l’exercice du culte autre que musulman se trouve être utilisée de manière inquisitoire à l’encontre des chrétiens dans de multiples occasions», a dénoncé le président de l’EPA.
Depuis plusieurs années, les procès et le persécutions contre les chrétiens en Algérie s’intensifient. Sur une population de 36 millions d’habitants, l’Algérie compte environ 10.000 chrétiens.
Quatre chrétiens avaient déjà été poursuivis pour ouverture illégale d’un lieu de culte. Ce procès faisait suite à l’arrestation d’Algériens emprisonnés pour s’être convertis à la religion chrétienne ou pour ne pas avoir jeûné durant le ramadhan.
Lu sur El Watan