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Afrique du Sud - Recycler les excréments pour améliorer l'hygiène
«Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», une célèbre formule que trois étudiants hollandais vont tenter de mettre en pratique. Ils sont les heureux gagnants du concours BrainsXchange, destiné à trouver des réponses innovantes aux mauvaises conditions de vie dans les townships du Cap en Afrique du Sud.
Le jury composé de professionnels des affaires a sélectionné trois projets sur près de 6.000 candidatures, selon RNW. Andrei Federovski, un des gagnants, présente son projet qui consiste à utiliser les excréments pour extraire du phosphate.
«Le phosphate ainsi obtenu pourra être vendu, et avec les bénéfices je pourrai permettre à plus de gens d’accéder à de meilleures conditions d’hygiène. Le phosphate actuellement utilisé est extrait des mines et sera épuisé, d’ici 30 ans. Donc mon concept est gagnant-gagnant», ajoute l’inventeur.
Le deuxième projet retenu par le jury s’intitule «la force hygiénique 3 en 1». Son principe est de faire la jonction entre un puits, une douche et des toilettes, à l’aide d’un panneau solaire. L’eau usagée de la douche doit ensuite servir à tirer la chasse d’eau. La troisième idée consiste en la construction de maisons durables, mais à moindre coût avec un matériau local comme le bambou.
La prochaine étape pour ces inventeurs sera la mise en œuvre de leurs projets. Ils devront dès octobre 2011 prouver que leurs idées peuvent se réaliser sur le terrain. Pour cela, ils se rendront dans les townships qui seront choisis d’ici là. Avant cette phase cruciale, les organisateurs ont tout de même quelques regrets: il n’a pas été possible d’impliquer les jeunes des townships dès le départ du projet.
«Financièrement, il était impossible d’inviter les Sud-Africains à venir aux Pays-Bas pour travailler conjointement sur les projets. Ce qui est dommage», regrette Stef Van Dongen, membre du jury et directeur d’Enviu, organisateur des BrainsXchange.
Ce qui fait que les concepteurs de projets qui vivent tous aux Pays-Bas ignorent la réalité quotidienne des gens pour lesquels ils sont censés agir. Mais de là à penser que BrainsXchange est un de ces projets du Nord qui imagine des solutions toutes faites pour le Sud, il n y a qu’un pas que Laurens Vos (autre membre du jury et directeur d’une société de volontariat pour les pays en développement) ne veut pas franchir:
«Il est vrai que c’est aux Pays-Bas que nous développons ces solutions, nous réalisons aussi que nous ne comprenons pas tous les besoins des utilisateurs, mais j’espère que nos idées pourront apporter des solutions aux problèmes dont les townships souffrent depuis longtemps», conclut-il.