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Aamna Aqueel pour Diva Magazine (photo extraite de sa page Facebook)
Aamna Aqueel pour Diva Magazine (photo extraite de sa page Facebook)

Be my slave, la polémique raciste de trop

Non, l'art ne peut pas servir de prétexte à quelque forme de racisme que ce soit.

La polémique ne cesse d'enfler sur les réseaux sociaux. Un magazine nommé Diva propose un shooting photos réalisé par la créatrice pakistanaise Aamna Aqueel. En cause, son titre éloquent, «Be my slave», est d’aussi mauvais goût que le contenu des photos: une femme blanche richement vêtue et un garçon à la peau noire habillé d’un simple drap et placé dans des mises en scène humiliantes. Tel un esclave moderne, il tient le sac ou le parapluie de la femme, reste allongé à ses pieds dans une posture de soumission…

Les critiques se ont aussitôt dirigées vers Diva, un magazine lesbien et bisexuel de référence au Royaume-Uni. Cependant, sur Twitter, le magazine s'est défendu s'être concerné par ce shooting, en affirmant que ces photos ont plutôt été publiées par un magazine pakistanais portant le même titre.

Qu'à cela ne tienne, cela ne change rien au fond de l'affaire. Il s'agit bel et bien d'une démarche au mieux douteuse au pire raciste.

«Il faut arrêter de considérer l’esclavage comme un sujet à la mode!», rappelle le Huffington Post tandis que l’Express Tribune pakistanais fustige ces «viles images de racismes et d’exploitation» et leur «connotation colonialiste». En titrant son article «Ce n’est certainement pas de l’art!», le magazine pakistanais veut rappeler que tous les tabous ne peuvent être transgressés sous le prétexte de la recherche artistique.

Même du côté des professionnels de la mode, le shoot ne passe pas. Journaliste pour le blog Style Inn, Usama Hamayun déclare:

«Cette série me dégoûte. Jouer de façon aussi crue avec ce thème (…)  n'est en aucun cas acceptable, ni esthétiquement plaisant.»

Sommée de s’expliquer sur ses motivations, Aamna Aqueel refuse de reconnaître un aspect raciste à ses photos et affirme qu’elle voulait aborder par ce biais la question du travail des enfants au Pakistan. Elle justifie le choix d’avoir fait appel à un enfant noir par le fait que le jeune garçon «travaillait dans un garage et cherchait un autre emploi».

Pour l’Express Tribune, ces renseignements ne suffisent pas à dédouaner la créatrice: le shooting semble plutôt fermer les yeux sur l’esclavage que le condamner fermement. Le monde de la mode, qui n’en est pas à sa première polémique, ne semble plus savoir quoi inventer pour obtenir l’attention des médias. Au risque parfois de franchir les limites du mauvais goût.

Lu sur l’Express Tribune

Slate Afrique

La rédaction de Slate Afrique.

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